jeudi 21 janvier 2016

Les forêts de Ravel, Michel Bernard, La Table Ronde, 2015, 171 pages. ***/*****

       Aimez-vous Ravel? Je connais mal ce musicien à part son fameux Boléro et l'approche proposée par Michel Bernard est tout à fait intéressante et originale: nous suivons Maurice Ravel à partir de son engagement volontaire en mars 1916 en tant que conducteur dans ce conflit meurtrier de la Grande Guerre. Engagé volontaire en effet, car Ravel était petit et "il lui manquait deux kilos pour faire un soldat."(p.19) et ses longues mains de pianiste ne jouaient pas en sa faveur non plus. Mais, à force de ténacité et de présentations successives devant les médecins, il finira par avoir gain de cause et il sillonnera  d'abord au volant d'un poids lourd les petites routes autour de Bar-le-Duc  pour venir en aide à ses camarades tombés en panne, puis on l'affectera comme ambulancier.Proche du front, tout cet environnement va le solliciter et le marquer profondément: "Un jour, alors que le bombardement se prolongeait, il entendit près de lui chanter un oiseau entre les intervalles des explosions.[...] Même le fracas d'un proche éclatement ne faisait pas cesser son chant. [...] il (Ravel) sentit en lui remuer la musique."(p.73)
       Lors de permissions et du repos possible, il va lire beaucoup: Nerval, Alain-Fournier qui l’éblouira par son Grand Meaulnes. Sa musique va être stimulée par ses lectures... elles ont ouvert en Ravel "une saison nouvelle, cette saison de l'âme qui cherche sur terre son reflet." (p.92). Des oeuvre vont jaillir de tout ce matériau: Le Tombeau de Couperin , oeuvre créée en 1919 par la pianiste renommée Marguerite Long, les six pièces de la Suite française composées à Lyons-la Forêt, La Valse, projet médité depuis plus de quinze ans...
       Devenu propriétaire d'une maison  nommée Le Belvédère à Montfort l'Amaury, il s'y installe pour composer et profite là aussi de la proximité de la forêt  qu'il aime particulièrement pour sa ressemblance avec les environs de Biarritz, sa terre d'origine. C'est là que va naître L'Enfant et les Sortilèges.
       De nombreux voyages en train... Vienne, la rencontre avec Paul Wittgenstein, pianiste qui avait perdu son bras droit et qui commande une oeuvre à Ravel: le Concerto pour la main gauche (1931).


  Cet ouvrage intitulé "roman" est écrit dans une prose très souvent poétique et nous présente un personnage attachant, émouvant parfois. Le livre est précis néanmoins et il m'a incitée, invitée à écouter du Ravel au fur et à mesure de ma lecture.


concerto pour la main gauche

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