mercredi 26 avril 2017

Imagier mouillé, Véronique Joffre, éditions Thierry Magnier, 2016.

  Voici un album tout simple qui renouvelle le genre de l'imagier et qui plaira aux tout-petits de 12-18 mois, avec l'apprentissage de vocabulaire autour du thème de l'eau, de la "goutte" à "plonger" en passant par la "mangrove", la "cascade", jusqu'à la "marée basse", tout ceci joliment illustré d'animaux plus ou moins exotiques, l'éléphant représentant la douche bien sûr, et le castor le barrage!
 Un livre très frais, cartonné pour résister aux petites mains..


Les portes du néant, Samar Yasbek, Stock, la cosmopolite, 2016, 290 pages, sélection ELLE catégorie document.

  Ce document bouleversant relate les différents retours de l'auteur en Syrie, alors qu'elle connaissait l'exil en France depuis 2011. Par trois fois (les trois portes), la jeune femme rentre dans son pays pour  tenter de venir en aide aux femmes et aux enfants grâce à de micro projets et, plus largement, afin de témoigner de ce qu'elle peut voir ou entendre du quotidien de toutes ces personnes qui subissent la guerre, les bombardements, ou relater ce que les combattants peuvent lui dire.


  Elle est ainsi témoin de l'horreur d'enfants blessés comme page 146  "une fillette de sept ans qui n'avait ni bras ni jambes", ou tués, "cette terre est pétrie du sang de nos enfants" (page 106),témoin  de cette habitude que prennent les enfants orphelins de fouiller les décombres sitôt le bombardement terminé pour pouvoir revendre le moindre débris, le moindre morceau de ferraille, histoire de survivre! Mais il en est de même pour de nombreux adultes:" Les gens côtoyaient la mort, ce n'était pas une métaphore, mais une réalité. ils n'avaient pas eu le loisir de comprendre la situation militaire ni le contexte politique, ils n'avaient ni le temps ni l'espace pour penser. Ils luttaient pour leur survie." (P.146)


  Ce livre nous montre la complexité de la situation sur le terrain avec les nombreuses factions de rebelles contre le pouvoir en place et la main mise de l'Etat Islamique sur ce pays. Ce document est parfois un peu ardu à suivre car il n'y pas d'interruptions dans son déroulé chronologique hormis les trois dates des voyages qui conduisent Samar Yasbek vers "le néant".


jeudi 20 avril 2017

Phalène fantôme, Michèle Forbes, traduction française 2016, Quai Voltaire, 275 pages, sélection ELLE.

  L'aventure du prix littéraire ELLE 2017 s'achève bientôt, et Phalène fantôme est le dernier roman de la sélection. Je n'ai rédigé d'articles que sur ceux que j'ai appréciés.

  L'intrigue se situe à Belfast entre août 1969 et mars 1970 et nous présente une jeune femme, Katherine, mère de famille comblée avec trois filles et un petit garçon, épouse aimée de son mari George. Mais Katherine est hantée cet été-là par sa jeunesse et une aventure amoureuse qu'elle a eu; il lui semble qu'elle est passée à côté de sa vie et de l'amour. A sa fille aînée Maureen qui lui demande "Comment on sait quand on est amoureux?", Katherine s'entend lui répondre: "on se sent flotter et brûler en même temps",(page 99) définition du coup de foudre "Je sentis tout mon corps et transir et brûler" (Phèdre) ou plus encore comme Louise Labé " Je vis, je meurs; je me brûle et me noie."

 Mais comment vivre une vie dans le regret de ce qui n'a pas été? et qui pourtant était son choix...
  Katherine est lasse et nous saurons bientôt pourquoi: la fin du roman est tragique malgré la poésie qui se dégage de certains passages et les nombreuses images et métaphores qui jalonnent le roman;
 Ainsi Katherine et sa fille Elsa contemplent une fin de nuit et l'aube qui approche: "La nuit se retire alors que le ciel du matin s'ouvre avec lenteur telle une porte monumentale. Dans le jardin, des traits de lumière abricot apparaissent derrière les silhouettes noires des arbustes, qui déploient leurs longues feuilles comme des insectes géants étireraient leurs longues pattes." (page 148)

  Que dire des phalènes fantômes qui parsèment le roman et qui en sont le titre? Papillons nocturnes ou crépusculaires, ils représentent pour notre héroïne "les âmes des personnes mortes" (page 148) dont celle de Tom, le jeune tailleur mort dont elle fut éperdument éprise.
  Comment vivre dans tout ce non-dit? cela va être finalement la question centrale de ce beau livre.


vendredi 14 avril 2017

Guerre et Paix, un film de Sergueï Bondartchouk, d'après le chef d'oeuvre de Léon Tolstoï, 1967.

  Film étourdissant de 6h44!

  Je l'avais vu en 1967 et j'en gardais un souvenir ébloui! je n'ai pas été déçue: il s'agit véritablement d’une oeuvre épique portée à l'écran de main de maître, restituant l'histoire bouleversée par la guerre de deux familles de l'aristocratie russe; mais c'est aussi le peuple cher au cœur de Tolstoï qui est montré sur ses images, souffrant de ces tourments liés à la guerre napoléonienne; l'Histoire est donc aussi un des personnages principaux du film.

  Les jeux de caméra sont travaillés: en 1967, il n'y a pas encore d'effets spéciaux, mais tout est dans la dextérité du réalisateur. Lorsque le prince Andreï Bolkonski pense qu'il va mourir, l'immensité des cieux est alors dévoilée dans un tournoiement d'images, traduisant son désespoir de quitter cette nature si belle. Ce qui prime chez tous les personnages, c'est l'amour de la vie envers et contre tout.

 Film russe, il s'agit d'une oeuvre majeure du XXème siècle. On peut saluer le travail du réalisateur qui a commencé à travailler sur ce film en 1961, a su s'allier l'armée , des entreprises et convaincre les lecteurs de Tolstoï très inquiets de voir dénaturer une des plus beaux romans de cet écrivain si imprégné de ce qui fait "l'âme russe".



mercredi 5 avril 2017

Et les mistrals gagnants, film d'Anne-Dauphine Julliand, 2017.

  A l'occasion de la sortie de son film, Anne-Dauphine Julliand fut l'invitée de François Busnel dans son émission La grande Librairie. Il évoqua alors le  premier livre de cette jeune femme, témoignage intitulé Deux petits pas sur le sable mouillé. (2011)

 Anne-Dauphine et son mari ont connu l'épreuve terrible de la maladie génétique et de la mort de leur petite fille Thaïs. La découverte est faite lors des deux ans de leur fille alors qu'il ne lui reste que quelques mois à vivre. Ils ont traversé l'épreuve de feu en vivant intensément l'instant présent, comme elle le rappelait le jeudi 23 mars 2017. (vidéo encore sur internet, première partie d'émission, à visionner absolument)

Elle nous relate dans Une journée particulière (2013) un 29 février, date anniversaire de Thaïs: elle aurait eu 8 ans. Aucun pathos, beaucoup de pudeur sensible, mais une mémoire aiguë des événements.

Anne-Dauphine a décidé de donner la parole aux enfants malades:avec Et les mistrals gagnants elle réalise un film juste, car les enfants sont vrais; à voir absolument, en salle s'il passe encore ou, un peu plus tard, en DVD.

bande annonce du film http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=249216.html