mercredi 20 mai 2015

Jacob, Jacob, Valérie Zenatti, 2014

         Le titre  de ce roman intrigue avec ce redoublement de prénom!
          Le héros, treize ans au début du récit, habite Constantine avec sa famille dans un petit appartement où vivent son père Haïm, sa mère Rachel, mais aussi son frère aîné Abraham avec femme et enfants... L'action se situe dans la première moitié du vingtième siècle, vers 1920-1930. Tout n'est pas facile pour cette famille juive. Les figures masculines sont autoritaires, voire violentes, sauf Jacob, plus fin, plus cultivé et repéré par ses enseignants pour son intelligence. Il se retrouve enrôlé en juin 44 "pour libérer la France" alors que lui et ses coreligionnaires sont loin de pouvoir se représenter ce qu'est cette guerre. Le personnage de la mère, Rachel, est touchant, pathétique même dans sa quête effrénée de nouvelles et son inquiétude maternelle bien légitime.
            Le roman est composé de deux parties: la première nous relate la jeunesse de Jacob, puis, après son enrôlement, ses découvertes et ses expériences de la guerre, de l'amour et de la mort. Il se découvre "défenseur d'une Europe qui avait tué ou laissé mourir ses juifs mais qui l'avait bien voulu, lui, pour la délivrer alors que trois ans avant son incorporation on ne l'avait plus jugé suffisamment français pour l'autoriser à franchir les portes du lycée d'Aumale." (page 149). La deuxième partie, plus brève, est d'une tonalité assez noire. Le narrateur nous y livre les destins des personnages et, plus largement, celui de la communauté juive de Constantine.
            Revenons au titre: le lecteur trouvera assez rapidement dans le roman une explication à ce redoublement
, mais d'autres interprétations s'offrent à sa sagacité ou à sa propre lecture du livre.

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