jeudi 8 juin 2017

Ecouter la forêt qui pousse, Sophie de Laubier, 2017, The BookEdition.com, 192 pages.

    Ce petit opuscule est sous-titré Récit d'un voyage à pied. C'est celui de Sophie, "de Sisteron à Paris, huit heures par l'autoroute, quarante-huit jours au rythme du pas." (page 12)

     Car il s'agit de 900 kilomètres, à pied, seule, effectués pour faire connaître l'association Votre Ecole chez  Vous; cette école scolarise chez eux les enfants qui ne peuvent s'y rendre  car leur santé ne le leur permet pas. Grande voyageuse, Sophie est aussi une excellente marcheuse et elle a tracé son périple par les "chemins noirs " dont pourrait nous parler Sylvain Tesson, un de ses écrivains préférés; J'ai relevé aussi Nicolas Bouvier, Rimbaud, Verlaine, Christian Bobin... Professeur de français immergée dans Votre Ecole chez Vous, elle a pris une année pour accomplir ce périple, en faire un film, puis un livre pour nous sensibiliser aux besoins de ces nombreux enfants mal aimés du système scolaire.

  Elle va faire de très nombreuses rencontres, certaines prévues, d'autres tiennent aux hasards, mais elle savoure en général la beauté des échanges avec les enfants dans des classes et avec ses hôtes de passage; rares sont les bougons qui ne se laissent pas attendrir par une femme et la cause défendue, celle des enfants malades! J'admirai son courage devant tous ces kilomètres parcourus seule... mais elle confie qu'elle n'a eu qu'une seule fois une sale impression.

  Ce voyage, c'est aussi prendre le temps: l'aphorisme de Nicolas Bouvier illustre parfaitement le sentiment dominant: "prendre son temps est le meilleur moyen de ne pas en perdre". Sophie de Laubier essaie d'expliquer à sa fille Clémence chez qui elle fait halte que "[sa] lumière du moment se résume en deux syllabes: l'ins-tant. IN-STANS signifie qui se tient dedans, l'étymologie révèle la sève du mot. C'est bien de cela dont il s'agit: il y a une tension, et une fraîcheur à la fois, à vivre à l'intérieur de chaque minute, désencombrée du passé et du futur."(page 117)
  Dans son POSTAMBULE, Sophie égrène quelques pensées sur le temps et sa mesure sur les chemins de plein air et ces phrases rejoignent bien mes réflexions du moment. Son journal nous invite  aussi à voir et à contempler ce qui nous entoure.


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