C’est une belle découverte que nous
propose Marie Darrieussecq dans une langue travaillée et un style rapide: il s'agit de celle de Paula M. Becker , artiste peintre, « bulle entre les deux siècles » qui peint vite nous dit l'écrivain, comme un éclat, comme si le temps était compté… Sa mort
prématurée après la naissance de sa fille Mathilde nous prive sûrement de chefs
d’œuvre.
Marie Darrieussecq reprend des
thèmes qui lui sont chers comme la nécessité d’avoir « un lieu à
soi », nécessité évoquée dans sa traduction du livre de Virginia Woolf, A Room of One'sOwn. Cet isolement est indispensable
à la création. M. Darrieussecq ne prétend pas écrire « la vie vécue de Paula
Becker », mais elle brosse une esquisse de ce qu’elle en aperçoit un
siècle après.
Le mari de Paula, peintre
également, découvre le talent de son épouse en juillet 1902 en contemplant le
portrait d’Elsbeth au verger, Elsbeth
étant issue de son premier mariage. L’autoportrait aux iris est également un
très bel exemple de l'art de cette jeune femme.
Sa mort sera source de création
pour Rilke, grand ami de Paula. Après avoir entretenu avec elle une importante
correspondance, il écrira Requiem pour
une amie, un an exactement après la mort de Paula.
Ce
livre sur une femme écrit par une femme est empli de sensibilité et de
finesse. Il m’a bien sûr donné envie de découvrir l’œuvre de cette toujours
jeune femme, artiste singulière, et de
lire les Lettres à un jeune poète de
Rilke qui a fourni le titre de l’ouvrage, Être
ici est une splendeur, extrait
des Elégies de Duino.