jeudi 21 décembre 2017

JOYEUX NOËL!

Petite image envoyée ce matin par une amie, fidèle lectrice de mon blog! Merci à toi, chère amie!
C'est mon premier cadeau!

Les Délices de Tokyo, Durian Sukegawa, 2013, 2016 pour la traduction française, Albin Michel, 221 pages.

  Le titre original est AN, mot japonais qui désigne la pâte de haricots rouges servant à la préparation de délicieuses gourmandises sucrées.

  Il est effectivement question de pâtisseries dans ce petit roman: Sentarô est un jeune homme qui tient une petite boutique de rue où il vend en particulier des dorayaki "deux ronds de pâte, comme des pancakes, fourrés de an aux haricots rouges." (page 12) C'est un peu par hasard qu'il occupe cet emploi et on apprendra qu'il voulait être écrivain mais des circonstances l'ont conduit à tout autre chose... Un secret qu'il dissimule...

  Une vieille femme se tient un jour devant sa boutique et lui demande s'il veut bien l'embaucher."J'ai toujours rêvé de faire ce travail." Elle lui confie qu'elle a une grande pratique et qu'elle accepterait un salaire ridicule. Il accepte cette candidature spontanée et va aller de surprise en surprise: elle va effectivement améliorer significativement la qualité de la pâte et les clients vont remarquer ces changements positifs.

Mais des éléments vont troubler notre marchand de gâteaux: l'apparence de cette femme, Tokue, est pour le moins étrange; ses yeux sont dissymétriques, ses mains anormalement déformées, et la patronne de Sentarô va lui demander de congédier sa nouvelle recrue, malgré les améliorations gustatives.

  Avec une jeune collégienne qui avait sympathisé avec Tokue, Sentarö va essayer de comprendre ce qui est arrivé à cette femme et quel est son secret.
  Ils vont découvrir qu'elle avait contracté la lèpre quand elle était jeune, et que cette terrible maladie l'avait coupée de sa famille: on l'avait déracinée, on lui avait trouvé un autre nom, on l'avait enfermée avec d'autres lépreux; ce thème de l'enfermement domine la deuxième partie de ce livre et n'est pas sans faire penser au roman de Victoria Hislop, L'île des oubliés, cette petite île au large de la Crète où on enfermait les lépreux pour éviter la contamination.

  La communauté de lépreux a établi une société parallèle à l'intérieur du sanatorium et c'est dans ce lieu que Tokue rejoint le cercle de pâtisserie: "Nous devions unir nos forces pour vivre, c'était la seule possibilité...Chacun avait une expérience ou une autre de la vie en société." (pages 136-137)  C'est alors que l'on comprend le titre...

  Cette vie si particulière et si dure donne à Tokue une philosophie personnelle de la vie et elle aura pour Sentarô un ultime message pendant la promenade dans la forêt à la nuit tombée. Livre qui semble anecdotique à première vue, il nous permet de réaliser la souffrance de certains êtres qui subissent à cause de la maladie ou dans d'autres circonstances l'emprisonnement, l'enfermement sans possibilité de libération.

Le titre est finalement bien paradoxal!


jeudi 14 décembre 2017

Drôle de journée! Nonny Hogrogian, Le Genévrier, 1971, 2012 pour l'édition française.

  J'ai découvert cet album délicieux lors d'une séance "heure du conte" à laquelle j'assiste parfois avec certains de mes petits-enfants; et je ne sais pas qui est le plus content!

 Drôle de journée pour ce renard qui, assoiffé et trop gourmand, lape le lait dans un bidon posé sur le sol par une vieille femme; elle le punit immédiatement pour son forfait et lui coupe la queue...

  Un renard sans queue... que c'est laid! Pauvre renard! Tous ses amis vont se moquer de lui! Mais que doit-il faire pour la récupérer?

Ce conte est basé sur le principe de la répétition et les enfants (et leur grand-mère!) ont adoré le principe d'enchaînement qui va conduire notre renard à galoper toute la journée...

De belles illustrations en font un joli livre qui ravira les petits à partir de 3 ans.


La grande vie, Christian Bobin, Gallimard collection Folio, 2014, 103 pages.

  Comment raconter Christian Bobin?




  Difficile! C'est un poète qui nous apprend à regarder autour de nous, qui est capable de s'émerveiller devant toutes les petites choses qui font notre existence, ou qui nous aident à vivre:

devant un auteur comme Marceline Desbordes-Valmore "Chère Marceline Desbordes-Valmore, vous m'avez pris le cœur à la gare du Nord et je ne sais quand vous me le rendrez. C'est une chose bien dangereuse que de lire." (page 13)

A propos des livres: (mon lecteur me pardonnera cette conversation décousue, à hue et à dia, mais je suis embarrassée devant la multitude d'éléments qui m'interpellent!) Christian Bobin en fait ses amis, comme Jean Rouaud "Les livres sont des gens étranges. Ils viennent nous prendre par la main et tout d'un coup nous voilà dans un autre monde." (page 43) et, un peu plus loin, page 46:"Sur la table cirée la pomme rouge crie de joie. On n'entend qu'elle. Je pose à son côté le livre de Ronsard: le livre est plus vivant qu'elle."
Comment faire découvrir ceux qui n'aiment pas lire de la richesse de ce plaisir?

devant "la conversation du feu", "Je jetai mes soucis dans la cheminée et m'apprêtai à faire joyeusement les choses qui m'ennuyaient." (page 32)

devant un merle, et je crois que c'est l'évocation qui me plait le plus:" Tiens, me suis-je dit en te voyant: du courrier. Un mot du ciel qui n'oublie pas ses égarés. Tu es resté dix secondes devant la fenêtre. C'était plus qu’il n'en fallait. Dieu faisait sa page d'écriture, une goutte d'encre noire tombait sur le pré." Il faudrait citer tout ce paragraphe de la page 68.

    Ce poète sait voir et il pose sur la page les mots qui nous aident à voir. Il termine ce petit ouvrage par un bel hommage à sa mère entrée en démence quand il avait vingt ans, "J'ai retenu mon souffle pendant trente ans pour que mon chant éclate au zénith et qu'on n'en doute pas, en m'entendant, que cette vie est le plus haut bien même si parfois elle nous broie."

  Et je vous laisse savourer sa dernière phrase: "La poésie c'est la grande vie."


jeudi 7 décembre 2017

Bakhita, Véronique Olmi, 2017, Albin Michel, 456 pages, prix du roman Fnac..

     Bakhita, une histoire véridique bouleversante dont Véronique Olmi s'est emparée pour nous offrir un très beau roman.

     Bakhita est une petite fille née au Darfour au milieu du XIX ème siècle, enlevée à l'âge de 7 ans pour être vendue comme esclave au Soudan, comme sa grande sœur l'avait été précédemment. Véronique Olmi nous rapporte la force intérieure de cette petite fille qui subit, cramponnée à la main d'une autre petite fille, les sévices insupportables infligés par des hommes cruels et rapaces.

  La première partie du livre évoque la vie d'esclave: battue, tatouée, livrée très jeune aux mains des hommes pour leurs jeux sexuels, vendue à plusieurs reprises et changeant de maîtres toujours inhumains,"Regardez ce que je vous ai rapporté du marché!" (page 106), Bakhita est douée d'un grand courage et éprouve parfois le sentiment de consolation, même si elle n'est pas encore capable de mettre des mots sur ce qu'elle ressent.

  Elle est belle, et c'est pour elle une malédiction. (page 113) Quand elle a presque 10 ans,  le jeune maître Samir la fait venir: il va se marier et il teste sur elle sa jeune virilité. Puis il la bat comme pour la tuer, rempli de haine.Elle en sortira brisée: "Bakhita est maintenant un jouet cassé. Et impur. Elle va donc être chassée"(page 128) Vendue à un général turc, elle finira par être achetée par le consul italien à Khartoum, "et cet homme va changer le cours de sa vie."

    Ce consul l'emmènera donc en Italie, et la seconde partie du roman se passe dans ce pays. Les Italiens n'ont guère eu l'occasion de croiser des Noirs et Bakhita est considérée par nombre d'entre eux comme un suppôt de l'enfer, un démon venu les effrayer.

    Toujours considérée comme esclave par la femme à qui elle a été "donnée", elle ne sera libérée que treize ans plus tard par une décision du procureur du roi "je déclare libre la Moretta". Baptisée, elle va choisir librement de rester dans l'ordre des sœurs canossiennes. Elle va encore subir des humiliations, comme celle de l'exposition à la porte, pour que soi-disant, les gens s'habituent à sa peau si noire. Mais elle a fait surtout par l'intermédiaire d'un homme bon, l'expérience de l'Amour divin et d'un "Paron", un maître toujours présent et toujours bienveillant, Dieu. Elle va faire preuve toute sa vie d'une extrême bonté, d'une attention aux petits et aux faibles toute en restant d'une très grande humilité.
    En 1995, Jean-Paul II la déclare patronne du Soudan et il la canonise en 2000. Il déclarera: "Il n'y a que Dieu qui puisse donner l'espérance aux hommes victimes des formes d’esclavage anciennes ou nouvelles."

  Véronique Olmi donne vie à cette femme dans ce roman puissant et passionnant. Le choix d'écrire un roman extrêmement documenté plutôt qu'une biographie lui permet de s'emparer des éléments du réel pour nous les restituer avec une très grande sensibilité et une grande force d'évocation grâce à sa belle plume.





jeudi 30 novembre 2017

Dans la forêt, Jean Hegland, Gallmeister, 1966, 2017 pour la traduction française, 301 pages.

    Livre étrange... mais à l'atmosphère prenante.

    Ce roman, Dans la forêt, n'a pas de chapitres clairement identifiés: en effet, il s'agit du journal tenu par Nell, alors âgée de 17 ans; sa famille, père, mère et une sœur plus jeune prénommée Eva vit dans une maison à l'écart de la petite ville de Redwood. Notre narratrice reçoit à Noël comme unique cadeau un cahier et sa sœur lui suggère d'"écrire sur maintenant".

   "Maintenant" est une drôle d'époque plutôt troublée; il n’y a plus d'électricité, plus de téléphone, les denrées alimentaires se font rares et le comportement des humains devient violent comme souvent en période de crise. Nos personnages vivent dans une quasi autarcie, gardant entre eux des relations empreintes de chaleur et d'amour.

  Des catastrophes s'abattent sur ce petit îlot avec la maladie de Gloria, la mère,  puis l'accident qui foudroie leur père. L'aînée, ingénieuse et courageuse va tout faire pour leur survie à elles deux. Nell, passait son temps à lire l'Encyclopédie, seul livre chez elles qu'elle n'avait pas épuisé!  "J'essaie d'être disciplinée dans mes lectures et de ne pas sauter les articles qui ne m'intéressent pas ou ne me semblent pas en rapport avec mes études. Je veux lire l'encyclopédie du début à la fin." (p.36) Les bouleversements qui modifient considérablement ses projets la métamorphosent en jardinière, cuisinière, botaniste...

   Mais elle écrit sur ce que qu'elle fait et encore plus intéressant, sur ce qu'elle ressent; c'est ainsi que son journal nous restitue leurs joies et leurs souffrances. Car vous pouvez imaginer que la vie de deux jeunes filles seules dans une maison perdue au fond des bois n'est pas une sinécure. Elle évoque l'absence de ses parents avec beaucoup de sensibilité; elle part de la définition du mot "Engelure...cependant, lors du dégel, la douleur peut être intense.
  C'est cela que je ressentais, quand nous nous sommes mises à passer de pièce en pièce, à examiner les objets de notre enfance, les biens de nos parents que nous avions perdus. Petit à petit, les tissus s'assouplissaient, se réchauffaient, petit à petit le sang revenait, mais parfois la douleur de de ce dégel était si intense que j'avais envie de rester à l'état de glace. Pourtant, une sorte de vie embrasait mon moi gelé - cellule après cellule, toutes hurlant." (page 54)

  Ce livre nous tient en haleine tout au long de ses 300 pages, car on se demande comment l'auteur va pouvoir terminer. Happy end? fin ouverte? ou autre?... le suspense reste entier!
  De belles pages sur la nature qui sert de cadre de vie mais aussi de protection, de sauvegarde. La forêt joue un rôle de force tutélaire qui doit être la sienne.
   Un petit regret: quelques rebondissements sont par trop prévisibles.


jeudi 23 novembre 2017

Les Etoiles s'éteignent à l'aube, Richard Wagamese, éditions Zoé 2016, 285 pages.

  Un jeune garçon de 16 ans, Franklin Starlight, et son père, Eldon, sont les deux personnages principaux de cette fresque canadienne. Franklin a été élevé par un homme? son tuteur, désigné dans le roman par l'expression "le vieil homme". Au début de l'histoire, on ne sait pas pourquoi il a été chargé de son éducation, mais la première rencontre avec le père nous révèle l'alcoolisme d'Eldon.

  Ce père qui a été inexistant , malade et en fin de vie, convoque son fils et lui demande  de l'emmener mourir dans la forêt, au cœur de la montagne, face à l'est, comme un guerrier.

   Le voyage est extrêmement difficile: le malade supporte mal d'être à cheval, ne peut plus ingérer aucun aliment, perd conscience parfois. Mais ce voyage va enfin permettre un dialogue père-fils- et celui-ci peut enfin entendre qui il est, questionner son père au sujet de sa mère et connaître les raisons de son adoption par le vieil homme (très belle figure!) Les récits du père vont éclairer le passé et permettre au fils d'avancer. On peut être touché par la sincérité du mourant, par le pardon accordé et la sérénité finale du roman.

  C'est une superbe évocation -avec des éléments autobiographiques- puisque Richard Wagamese appartient comme ses personnages à la nation amérindienne des ojibwés, originaire du nord-ouest de l'Ontario. Le face à face entre les hommes est parfois rude, heurté, un peu à la manière du style de l'écrivain, style à la fois oralisant et poétique lorsqu'il évoque la beauté des paysages et les sentiments que le garçon éprouve envers la nature: respect et amour liés à une parfaite connaissance. Le passage page 128 racontant la lutte avec un grizzli en est un exemple significatif. De même, page 169, le jeune garçon reconnait l'emplacement choisi par son père et le narrateur nous donne à voir ce paysage  somptueux à travers les yeux du fils.

Les Etoiles s’éteignent à l'aube n'est pas le premier roman de Richard Wagamese, mais c'est le premier traduit en français; le second, paru en France en 2017, Jeu blanc, attend sur un rayonnage de ma bibliothèque que je le lise!
  Malheureusement cet écrivain indigène canadien est mort en mars 2017 à 61 ans.



jeudi 16 novembre 2017

La tresse, Laetitia Colombani, Grasset, 2017, 224 pages.

     Ce roman qui fait un tabac le mérite bien! Il nous captive dès la première page en nous entraînant dans trois univers bien différents: celui de Smita, qui appartient à une caste d'Intouchables, une Dalit, dont la fonction, sa mère disait "son devoir", est de ramasser la merde des autres. Smita ne veut pas que sa fille, la petite Lalita, ait le même sort.

  La deuxième héroïne, Giulia  la Sicilienne, qui s'occupe de l'atelier de traitement de cheveux de son père, se débat avec les difficultés de l'entreprise vacillante. Son père a eu un accident et se trouve entre la vie et la mort. Sur ses épaules repose donc le sort des ouvrières.

La troisième est une Canadienne qui a pris sa vie à bras le corps. La carrière d'avocat de Sarah est une belle réussite, elle  a deux beaux enfants, des jumeaux  (mais pas de mari), possède une belle maison et son organisation est sans faille. Jusqu'au jour où...

  Le destin de ces trois femmes si volontaires, à la fois fortes et fragiles, va s'entrecroiser comme les trois mèches d'une tresse. Le dénouement, peut-être un peu trop prévisible, est néanmoins une belle leçon de courage et d'espoir.

 Ce beau roman, d'une lecture aisée, plaira sans doute davantage à un public féminin car ces femmes s'opposent souvent à un monde régi par les hommes. Pour ma part, je ne le prouve pas féministe, mais il rend hommage à la volonté et au courage féminin.




jeudi 2 novembre 2017

Histoire d'une mouette et du chat qui lui apprit à voler, Luis Sépulveda, Métailié, 2012 pour la traduction française, 119 pages.

    Cette histoire (parabole?) au titre incompréhensible! est un délice fantaisiste et poétique porteur de "leçon".

     Dans ce récit, les chats et les mouettes se comprennent. Le chat Zorbas, sauvé par un petit garçon du gouffre du bec d'un pélican qui l'avait pris pour une grenouille, vit des jours heureux dans sa famille adoptive.L'autre protagoniste, la mouette Kengah, se pose in extremis sur le balcon où le chat prenait le soleil. Ses ailes engluées par le pétrole d'une marée noire, n'ont pu la porter plus loin.

    Elle extorque au chat avant de mourir la promesse qu'il s'occupera de "l’œuf"!!!Zorbas va alors demander conseil à ses amis les chats du port  ( Jesaitout, Secrétario) car il est désemparé devant la tâche qui l'attend...

  Dans la deuxième partie, notre chat se transforme en mère -poule et prend soin de ce bébé tombé du ciel prénommé Afortunada. Leurs aventures rocambolesques devraient vous délecter!
  Que de sagesse chez ces animaux! et quel bel exemple d'entraide malgré leurs différences ...

A partir de 12 ans. Recommandé aux adultes même sérieux.

jeudi 26 octobre 2017

Journal d'un vampire en pyjama suivi de Carnet de Board, Mathias Malzieu, Le livre de Poche, 2016-2017, 312 pages.

Mon dernier article (jeudi 19 octobre) citait donc le Journal de Board de Malzieu, chronique tenue par l'écrivain lors de sa pérégrination en Islande: en effet, il s'était promis de traverser l'Islande en skate "board" s'il se sortait de cet enfer de la maladie.Pour mémoire, je cite l'article rédigé sur le Journal d'un vampire en pyjama, document récompensé par le Prix des lectrices de ELLE en 2017.


      Mathias Malzieu apprend qu’il est atteint d’une maladie assez rare et très grave, l’aplasie médullaire, autrement dit arrêt du fonctionnement de la moelle osseuse ; il n’a pas encore quarante ans… le traitement est lourd et son efficacité n’est pas garantie.
Son journal ( 6 novembre 2013- 24 décembre 2014) nous relate son combat. Il se bat avec ses armes, c’est-à-dire tout d’abord une bonne dose d’humour et en tenant ce journal. Pour lui, la « seule possibilité de résister, c’est d’écrire. » et il écrit bien ! Maniant à la fois la poésie et les jeux sur la langue, comme l’évocation de « Dame Oclès », ou dans le bel éloge qu’il fait des infirmières page 116 : « Les infirmières portent en souriant des armoires à glace émotionnelles sur leur dos en souriant. Ce sont les grandes déménageuses de l’espoir. … elles sont cigognes-mamans-nymphes-filles. Elles gagnent à être (re)connues. »
La création artistique reste indispensable aussi à son moral : « j’ai la rage de créer. Mettre à distance la réalité pour mieux l’affronter m’est aussi vital que les transfusions de sang. (p. 141) « organiser ma résistance en mobilisant les ressources de l’imagination ». (p.39)

Comment ne pas parler du rôle de l’entourage, si précieux dans ces moments très difficiles à vivre ? Rosy sa compagne, son père si touchant, sa « grande petite sœur ». Sans pathos, il évoque les relations avec chacun durant les épreuves endurées, les espoirs et les crises de rage ou de désespoir…

Un très beau livre, porteur d’espérance… une vraie leçon de courage  racontée avec verve.
A lire absolument par tous!

 GuériMathias Malzieu part donc pour l’Islande le 26 août 2016 avec une planche à moteur électrique avec batterie au lithium nommée "Rosy One". Il va avoir quelques difficultés avec le fonctionnement de ce bijou, finalement pas si pratique que cela pour skater au pays des volcans. Heureusement, il y aura Rosy Two!

  Son journal est plaisant à lire pour le périple qu'il représente et on peut saluer la ténacité de Malzieu en butte à un univers bien différent du bitume parisien. De Reykjavík à Akureyri et jusqu'au cercle polaire, il découvre des paysages surprenants et splendides, ayant même la chance la veille de son départ de contempler une aurore boréale!

  J'avoue que le lire après Sur les chemins noirs de Tesson n'était pas une bonne idée: leurs visées et leurs propos sont trop différents et la comparaison n'est pas, à mon goût, flatteuse pour Malzieu. Il reste néanmoins une belle découverte de ce pays si étrange et d'une belle victoire sur la maladie.





jeudi 19 octobre 2017

Sur les chemins noirs, Sylvain Tesson, Gallimard, 2016, 142 pages.

  Le titre de ce livre de Sylvain Tesson m'a séduite: il me renvoie à mon enfance et à un fameux petit chemin que nous empruntions, frères et sœurs, cousins, lors de nos déambulations en Normandie chez notre grand-père. Ce chemin noir se dissimulait sous de sombres conifères, il avait un côté mystérieux et parfois inquiétant pour la petite fille que j'étais...

  Les chemins noirs de Tesson ne sont pas inquiétants, mais cachés au regard des automobilistes pressés: ce sont ceux de ce que l'on appelle "l'hyper ruralité" où le haut débit, les rocades et autres ronds-points n'ont pas encore investi tout le paysage. Il faut parfois les chercher car les agriculteurs les ont aussi "empruntés" dans un souci de rendement plus important. Ce sont des sentiers ruraux, des pistes pastorales... "Ils ouvraient sur l'échappée, ils étaient oubliés, le silence y régnait, on n'y croisait personne et parfois la broussaille se refermait aussitôt après le passage. Certains hommes espéraient entrer dans l'Histoire. Nous étions quelques-uns à préférer entrer dans la géographie."(p.33)

 Notre marcheur émérite nous pose les besoins de cette marche: une année difficile avec la mort d'une mère aimée, et une  reconstruction pénible et douloureuse après cette chute "d'un toit où je faisais le pitre" (p.15). Après des nuits de souffrance, celui qui avait eu une santé éblouissante se jure "Si je m'en sors, je traverse la France à pied." (p.17)

Tesson nous raconte avec l'art qu'on lui reconnait les difficultés de cette marche, de ce corps qui souffre, du sommeil qui le fuit. Périple en grande partie solitaire, les amis de toujours le rejoignent parfois pour un bout de chemin (noir) comme Cédric Gras (chapitre 3) ou Humann, autre compère qui tombe à pic pour accompagner à l'hôpital notre écrivain terrassé par une crise d'épilepsie..., ou Thomas Goisque encore.

 Le plus drôle reste le bivouac avec Daphné, sa sœur, qui n’avait jamais dormi à la belle étoile, et qui fut accueillie par une attaque de frelons dérangés sans doute par le feu de camp installé sous leur nid.
"Il suffisait de ne pas bouger mais Daphné préféra courir vers la tente en hurlant. Elle se réfugia dans son sac de couchage où une araignée l'attendait. Des frelons se glissèrent dans le double toit de la tente et les choses devinrent alors extraordinairement incontrôlables."(p.111)

  Troisième livre de Sylvain Tesson (ou quatrième?) dont je parle sur mon blog, j'apprécie toujours cette autodérision qu'il manifeste, son style fluide et élégant, et la posture qu'il adopte: cette marche fut une véritable thérapie, "le destin m'accordait la grâce de marcher à nouveau tout mon soûl" (p.141) et le constat qu'il pose sur notre territoire reste positif: " il demeurait des chemins noirs. De quoi se plaindre?"


  Je vous parlerai bientôt de Mathias Malzieu et de sa traversée de l'Islande en skate: la démarche est un peu la même.

jeudi 12 octobre 2017

Douleur, Zeruya Shalev, éditions 2017 pour la traduction française, 401 pages.

    Le titre de ce roman peut nous effrayer ou nous rebuter: certes, Iris a souffert physiquement puisqu'elle s'est trouvée lors d'un attentat au mauvais endroit au mauvais moment; cela fait déjà dix ans, mais les séquelles sont encore là. Elle a quarante- cinq ans au début du roman, est maintenant l'épouse de Micky, la mère de deux adolescents, une fille, Alma, qui a environ dix-huit ans et un garçon un peu plus jeune, Omer.

  Les douleurs la faisant à nouveau beaucoup souffrir, elle décide de se rendre à la consultation d'un médecin dont on lui a dit grand bien: peut-être saura t-il la soulager.
  Elle reconnait Ethan, son amour de jeunesse, qu'elle aime encore. Elle n'est pas sûre qu'il ait reconnu dans cette femme souffrante la jeune fille qu'il aimait.
  Elle le reverra et ils pourront à nouveau échanger promesses et embrassements. Mais Iris est maintenant concernée par l'avenir de ses deux enfants et elle hésite à mettre en péril un équilibre assez précaire trouvé par la famille, d'autant plus qu'Alma traverse une grave crise de rejet  et qu'elle leur semble être sous l'emprise d'une sorte de gourou.

  Au delà de la question de la fidélité et de l'adultère, il y a dans ce roman une vraie épaisseur des personnages et tout particulièrement du personnage féminin central. Elle s'interroge en profondeur sur les actes qu’elle doit effectuer et les répercussions de ceux-ci. C'est aussi sans doute une des raisons du titre car Iris devra poser des choix qui lui causeront une vraie douleur morale ou affective.
  Les pensées et les sentiments de cette femme nous sont restitués avec beaucoup de vérité, même si le contexte est différent de celui que nous côtoyons habituellement.

 J'ai beaucoup aimé ce livre, beaucoup moins la couverture qui ne correspond en rien à l'intrigue du roman. Couverture commerciale?


vendredi 6 octobre 2017

La porte, Magda Szabo, 1987, Viviane Hamy, août 2003 pour la traduction française, le Livre de Poche, 345 pages.

  Ce roman appartient à la littérature hongroise et pourrait s'intituler le livre du remords.

  Il s'agit bien d'un confession et elle démarre en ces termes"j'ai vécu avec courage, j'espère mourir de même, avec courage et sans mentir, mais pour cela, il faut que je dise: c'est moi qui ai tué Emerence." (p. 10)

 L 'atmosphère du livre est assez pesante tout comme le rêve de la narratrice: en effet, elle fait toujours le même rêve d'une "porte cochère au verre armé inexpugnable, renforcée d'une armature de fer, et j'essaie d'ouvrir la serrure". (page 7 et dernière page du roman.)

  De quoi s'agit-il? notre narratrice, écrivain qui peut enfin exercer pleinement son travail grâce à l'évolution du climat politique, recrute pour la soulager dans les tâches matérielles une femme âgée, Emerence, qui va s'imposer dans la maison ( c'est elle qui choisit ses employeurs, son emploi du temps, ses horaires, ses activités...) et lier des relations de maternage vis à vis de son employeur. Un amour progressivement  s'installe entre elles que tout oppose:le niveau social, l'éducation, le travail, les centres d'intérêt.

  Emerence, personnage principal du roman,  a eu une vie marquée par la tragédie: son père meurt quand son épouse attend des jumeaux, ceux-ci vont mourir foudroyés et la mère va se suicider. Sa vie amoureuse est aussi un échec, et sa fin sera également tragique...

  L'intérêt de l'oeuvre réside dans la beauté des sentiments entre les deux femmes, dans l'évocation d'un climat politique bien différent de ce que nous connaissons et  dans ce lien qui existe sans doute entre cette narratrice et Magda Sazbo qui a probablement vécu les mêmes difficultés que l'écrivain du roman.

  Un livre puissant remarquablement bien traduit.
 Merci à Geneviève pour son analyse si pertinente!




jeudi 28 septembre 2017

Le tour du monde du roi Zibeline, Jean-Christophe Rufin, Gallimard, 2017, 365 pages.

  Voici un excellent Rufin! de la même veine que Rouge Brésil et Le Grand Cœur!

  Ce roman retrace deux destinées hors du commun: celle d'Auguste, jeune noble originaire d'Europe Centrale et d'Aphanasie, fille d'un officier de l’armée impériale russe nommé gouverneur au Kamtchatka.

 Ces deux personnages passionnément  amoureux l'un de l'autre  se sont sauvés de Sibérie après moult péripéties et ils racontent à deux voix leurs aventures à Benjamin Franklin, alors vieillard assez malade et fatigué résidant à Philadelphie. Leur périple, inspiré d'une histoire authentique, dépasse l'entendement pour des contemporains de Voltaire.

  Ce récit se passe donc au XVIIIème siècle et Auguste fait régulièrement penser au jeune Candide de notre philosophe ironique. Comme pour Candide, la vie se charge de son éducation, mais notre héros apprend vite et bien... à tel point que son tour du monde le conduira à devenir roi de Madagascar.

  Le style de ce livre m'a charmée: on y retrouve l'élan des grands romans historique cités plus haut; il met en valeur le caractère précieux de valeurs telles que l'honnêteté, le courage ou la liberté  tout en soulignant le caractère fragile de toute vie humaine.


jeudi 21 septembre 2017

La montagne rouge, Olivier Truc, Métailié noir, 2016, 499 pages.

    Le sous-titre de ce roman est une enquête de la police des rennes. Il y a bien un cadavre, plus exactement un squelette et Nina et Klemet, personnages des romans précédents d'Olivier Truc, vont être chargés de cette enquête hors du commun.

    En effet, lors du marquage des rennes dans un enclos particulièrement boueux au pied de la Montagne rouge, un glissement de terrain se produit et un squelette sans crâne surgit!

  On va savoir rapidement que ces restes humains sont très anciens: mais appartiennent-ils à un Suédois ou à un Sami?( Le lecteur français ne sait pas toujours que ce terme "sami" désigne les Lapons, ce dernier mot étant considéré comme raciste et donc injurieux.) Réapparaissent alors les tensions fortes et les querelles sanglantes qui divisent les deux communautés: qui était sur le sol en premier? A qui appartient cette terre? aux forestiers-plutôt suédois- ou aux éleveurs de rennes?

 Leur chef, Petrus Erikson, va se livrer à une quête pour prouver l'appartenance de la terre aux Sami ou du moins leur antériorité. "Nous les Sami nous nous retrouvons souvent dans le camp des victimes face à la justice, et pourtant nous ne pouvons nous empêcher d'y croire." (p.51) Petrus Erikson se retrouve devant la Cour Suprême de Stockholm dans le banc des accusés, le collectif des forestiers ayant porté plainte contre les éleveurs, considérant que "les rennes de Balva viennent paître illégalement sur leurs terres, piétinent les jeunes pousses de pins et de bouleaux qu'ils plantent et causent toutes sortes de dommages qui leur coûtent très cher." (p.53) Petrus assure la défense des éleveurs en costume traditionnel de Sami, faisant sensation dans les rues de Stockholm!

  Nina et Klemet vont mener une enquête difficile, croisant des personnages assez étonnants: l'antiquaire Bertil au passé douteux, Justina qui se déplace avec ses vieilles copines, sa bande de vieilles femmes équipées de cannes nordiques, spécialiste du "bilbingo", sorte de loto. N'oublions pas les archéologues, pas toujours d'accord eux non plus sur cette question de l'ancienneté.

  Olivier Truc connait parfaitement bien la Suède et nous offre un livre parfaitement documenté qui dépasse largement le cadre du polar en nous proposant avec brio cette réflexion toujours d'actualité sur le droit de la terre.

jeudi 14 septembre 2017

Comment faire lire les hommes de votre vie, Vincent Monadé, 2017, Payot, 123 pages.

  Vincent Monadé est bien placé pour  parler lecture... il préside le Centre national du livre, a été libraire, plume pour des hommes politiques et lit le reste du temps.

 Ce livre s'adresse bien sûr aux femmes car "le lecteur est une lectrice"nous dit-il dès l'introduction, ce qui est confirmé par les libraires... Nombre de lectrices se désespère devant le peu d'intérêt que porte à la lecture l'homme qui partage leur vie.

  En quelques chapitres, Vincent Monadé donne des pistes suivant les goûts de "Chéri": sport?  Une stratégie se met en place avec des titres" pour l'appâter", d'autres "pour l'apprivoiser"...ou enfin "pour lire ensemble". J'ai également apprécié la technique de l'agent double (utiliser sa mère)! (page 87)

  Il a le goût du risque?  Proposez-lui Au revoir, là-haut de Pierre Lemaître, ou Le peintre des batailles de Pérez-Reverte . Expliquez-lui que ces livres sont beaucoup durs pour vous, décidément, "Laissez le livre sur votre table de nuit. Il ne mettra pas deux jours à migrer vers la sienne." (p.26)

  Quels sont les moyens préconisé par notre auteur? la flatterie, (technique ancestrale), ou par exemple le rendre accro grâce aux "mauvais genres", ou encore  utiliser l'enfant: Vincent Monadé a plus d'un tour dans son sac.
  Tout ceci est raconté avec légèreté et humour et nous donne de surcroît quelques pistes intéressantes  de lecture.


jeudi 7 septembre 2017

Les vivants au prix des morts, René Frégni, Gallimard, 2017, 188 pages.

  Aperçu sur le plateau de la Grande Librairie lors de la dernière "saison", René Frégni m'avait intriguée: sa faconde,son passé,son présent et sa vivacité m'avaient plu. Fin juillet, j'aperçois son dernier roman sur l'étagère "coup de cœur" de la médiathèque: j'avoue que j'ai été séduite!

  Roman? Le narrateur ressemble furieusement à son auteur; ce je s'appelle René, doit avoir lui aussi l'accent du Midi, écrit sur un petit cahier rouge; il s'est installé avec une charmante institutrice, Isabelle, dans un village de Provence.

 René commence un premier janvier son journal: il note dans ce cahier offert par une amie ses pensées, ses actions, ses émotions; tout cela démarre fort paisiblement.

 Mais son passé -il faut dire que René (le narrateur, tout comme l'écrivain) a animé longtemps un atelier d'écriture à la prison des Baumettes- va faire irruption  le 22 janvier avec l'appel téléphonique de Kader qui vient de s'évader.
_Kader... L'atelier d'écriture aux Baumettes, bâtiment D...Kader... Derka...Le mec qui voulait pas écrire. Je suis venu pendant trois ans, tous les lundis, j'ai pas écrit un mot, mais je me régalais. Les seules années où j'ai appris quelque chose.
...
_ Tu as besoin de quoi?
_ Te voir, me planquer, disparaître.

 Son rêve de petite vie tranquille et d'écriture sereine va voler en éclats!
 En effet il ne peut que l'aider. Mais les angoisses vont l'envahir, le torturer, les cauchemars gâcher ses nuits; il ne peut plus écrire. Ce n'est pas simple en effet d'aider et d'héberger l'homme que toute la police de France recherche.

  Des personnages haut en couleurs, de multiples rebondissements, une intrigue serrée vont nous tenir jusqu'au dénouement de ce roman haletant.


jeudi 27 juillet 2017

Le Meilleur des amis, Sean Rose, Actes Sud, janvier 2017, 150 pages.

   Ce deuxième roman de Sean Rose nous présente un triangle amoureux, célèbre figure des intrigues amoureuses.

  Le narrateur personnage- ce roman est écrit à la première personne- nous évoque tout d'abord son amitié avec Thibaut, amitié de jeunes étudiants qui refont le monde! De nombreuses discussions autour du sens de la vie dans les cafés parisiens Des heures et des heures siphonnées pour l'éternité. Ce temps perdu est le ciment de l'amitié. Des amitiés de jeunesse, en tout cas. Qui après, une fois les études terminées, a encore le temps? Nos élucubrations n'avaient sans doute pas grand intérêt-les grandes questions qui ne mènent nulle part.  (page 55)les conduiront vers une amitié plus profonde malgré leurs différences: Thibaut est originaire de Bordeaux et notre narrateur a des racines mêlées, sa mère étant issue du royaume de K., lointain petit pays mystérieux du Sud-Est asiatique.

  Thibaut est fiancée avec Camille, étudiante en droit qui a arraché à ses parents la permission de faire l'Ecole du Louvre. Passionnée d'art, elle va entraîner l'ami dans des visites d'expositions, dans les salles du Louvre. Une complicité forte va s'installer entre eux.

 Et, naturellement, un soir, l'alchimie se produisit, et ils devinrent amants. Thibaut ignorera tout de cette liaison amoureuse rompue par Camille...Jusqu'au jour où elle retint ses larmes, jusqu'au jour où elle n'eut d'autres mots que c'est fini. C'est fini... je t'aime. (page 114)

 Le narrateur partira pour un stage dans un pays voisin du sien et il perdra de vue son ami et son amante jusqu'au jour où il aura la curiosité de la revoir.

 Ce beau roman qui évoque bien sûr le film Jules et Jim, est écrit avec une plume fiévreuse et rapide pour nous parler de l'amitié, de l'amour, du regret. Il se termine par un très bel épilogue que je vous  laisse découvrir!


jeudi 13 juillet 2017

Fendre l'armure, Anna Gavalda, Le Dilettante, 2017, 285 pages.

    Anna Gavalda nous revient avec un recueil de nouvelles dans la veine de Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part.

   Quand j'en ai commencé la lecture, je ne savais pas qu'il s'agissait de nouvelles. Un peu déçue au départ, j'ai finalement apprécié l'ensemble même si certains récits sont assez pathétiques. Ils sont bien le reflet d'une époque, la nôtre, et Anna Gavalda s'intéresse aussi bien à la petite vendeuse d'animaux de compagnie qu'au directeur d'une entreprise travaillant à l'international, aux états d'âme d'un chauffeur de poids lourd qu'à ceux d'un petit garçon de six ans -fort attachant au demeurant- dans une cour de récréation.

   Elle nous donne à voir des tranches de vie qui possèdent des tonalités différentes: j'ai trouvé bien triste "La maquisarde" ou "Mon chien va mourir", mais les dénouements de "Happy meal" de "Mes points de vie"  sont plus légers et font sourire.

  Les chutes sont remarquables et c'est une des forces du style d'Anna Gavalda.

  Un livre qui se lit facilement à mettre sans hésiter dans la valise des vacances.


vendredi 7 juillet 2017

Des âmes simples, Pierre Adrian, 2106, Equateurs, 191 pages.

  Qui connait Sarrance, village perdu au fond d'une vallée resserrée des Pyrénées? Ce village s'est bâti le long de la rue du Haut, et il doit son essor au monastère implanté autour de l'église Notre-Dame. C'est une étape pour les pèlerins de Saint Jacques de Compostelle et ce fut un lieu d'inspiration pour Marguerite de Navarre et Francis Jammes, poète du pays qui" en chante les légendes" (page 28).

  Plus récemment, un très jeune écrivain -22 ans- talentueux a été saisi par la poignante beauté des lieux et l'étrangeté des habitants des environs. Terre marquée par l'exode rural, elle est aussi affligée des fléaux de notre époque, le divorce, la drogue, l'alcoolisme, et toutes les souffrances qui en découlent.

  Notre narrateur-écrivain s'installe donc au monastère de Sarrance qui fait bâtiment d'accueil; y passent ou résident des pèlerins mais aussi des paumés de la vie: femmes battues, hommes en perte d'emploi ou de repères. Mais celui qui reçoit, Pierre, est le curé de la paroisse et fait figure de rocher pour ceux qui viennent lui parler. Il sait trouver les mots pour soulager les maux, remettre toutes ces souffrances à Celui qui peut les porter avec nous. "Oui, il y a aussi toutes ces rencontres, ces discussions autour d'une table avec ceux que le monastère protège, soulage. Leur présence ici est sans raison. Une halte au cours d'une vie bousillée.Le besoin d'un énième départ après une vie bousillée. Oublier la taule, balancer la bouteille et ses maudites dépendances. Il faut s'essayer à vivre, avec la prière comme seul viatique." (p.55)

 Pierre apprend au narrateur à voir ce pays, à le découvrir et à l'aimer pour sa force, ses villages, leurs habitants et leurs rites; leur rythme de vie qui n'a rien à voir avec celui d'un citadin mais qui n'est pas exempt d'une dureté minérale...
 Un beau livre, à reprendre, pas si "simple" que cela...


jeudi 29 juin 2017

Cœur à l'ouvrage, Alix de Roux, Quasar, 2017, 108 pages.

   Récit rapide, il n'en est pas moins grave puis qu' Alix de Roux relate une vie qui devient un marathon.
   En effet, jeune épouse et mère de famille de trois petits enfants, notre charmante auteur découvre à l'occasion de chutes de tension multiples suivies de malaises qu'elle souffre d'une maladie cardiaque qu'on peut traiter: "une cardiomyopathie dilatée";mais il va lui falloir surtout "réinventer [s]a vie" et apprendre à vivre avec sa maladie.

  Une succession de petits chapitres nous montre son quotidien compliqué: prendre du temps pour soi, arriver à se faire aider, ne pas tenir compte des réflexions ou des remarques parfois désagréables, avancer en tenant ferme ce qui est important: sa vie de couple, ses trois enfants qu'elle aime par dessus tout. Un très beau passage pudique intitulé Le rôle de ma vie (p.100) évoque cette difficulté à concilier en permanence ses deux soucis au sens étymologique du terme ("prendre soin de "), celui de sa famille et  l'autre, la maladie "Pour eux, c'est là ma joie, je ne suis pas ma maladie. Je suis la femme qu'il aime. Je suis leur mère. Je veux prendre soin d'eux, les aimer."

  L'écriture semble un bon moyen pour trouver une forme d'équilibre, alliant à la fois gravité et humour, et ce petit livre se lit d'une traite. Pages 90-91, elle déroule la réflexion qui l'amène à écrire. J'espère que Alix de Roux nous reviendra comme écrivain, car son histoire est loin d'être finie et elle possède un vrai talent pour croquer des instants de vie, que ce soit chez le médecin, en rééducation, chez elle, avec les enfants ou avec des amis...



jeudi 22 juin 2017

L'usage du monde, Nicolas Bouvier, 1963, éditions La Découverte Poche 2104, 375 pages.

   J'aurai longtemps vécu sans savoir grand chose de la haine. Aujourd'hui j'ai la haine des mouches.Y penser seulement me met les larmes aux yeux.Une vie entière consacrée à leur nuire m'apparaîtrait comme un beau destin. Aux mouches d'Asie s'entend, car, qui n'a pas quitté l'Europe n'a pas voix au chapitre. La mouche d'Europe s'en tient aux vitres, aux rideaux, à l'ombre des corridors.[...]Celle d'Asie, gâtée par l'abondance de ce qui meurt et l'abandon de ce qui vit, est d'une impudence sinistre. Endurante, acharnée, escarbille d'un affreux matériau, elle se lève matines et le monde est à elle. Le jour venu, plus de sommeil possible.Au moindre instant de repos elle vous prend pour un cheval crevé, elle attaque ses morceaux favoris: commissures des lèvres, conjonctives, tympan. Vous trouve-t-elle endormi? elle s'aventure, s’affole et va finir par exploser d'une manière bien à elle dans les muqueuses les plus sensibles des naseaux, vous jetant sur vos pieds au bord de la nausée.[...] (pages 323-324)
  Un bel exemple de l'art du récit!

 Ce journal de voyage est en quelque sorte la bible des journalistes.

 Nicolas Bouvier,( 1929-1998) , part sillonner des pays lointains: la Turquie, l'Iran, Kaboul, puis la frontière avec l'Inde. Avec son ami Thierry Vernet, dessinateur, il voyage dans ces pays qu'ils observent avec un esprit curieux , relevant l'un et l'autre les traits caractéristiques de ce qu'ils découvrent.

  Ce récit de voyage s'organise bien sûr de manière linéaire  chronologiquement et recèle de nombreuses pépites.
Notre journaliste manie la plume avec dextérité et ses paragraphes sont clos souvent par une phrase faisant office de chute:
exemples: page 27, "La vertu d'un voyage, c'est de purger la vie avant de la garnir."
ou page 44: "Un jour, j'y retournerai, à cheval sur un balai, s'il le faut."
ou des aphorismes à La Rochefoucauld: "La santé est comme la richesse, il faut l'avoir dépensée pour l'apercevoir." (page 286)

  Je vous suggère également la lecture du grand moment -que l'on imagine bien éprouvant pour un écrivain- de la recherche d'un manuscrit représentant tout le travail de l'hiver: ce manuscrit a disparu dans un camion de voirie et nous suivons notre journaliste et son ami dans une quête effrénée jusqu'à la décharge...(page 306-309)
 Plus poétiques, les pages sur les paysages et les couleurs des pays traversés comme par exemple "cet inimitable bleu persan qui allège le cœur."...

  Et, pour terminer, une remarque qui doit plaire aux grands voyageurs comme Sylvain Tesson ou Patrice Franceschi, Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu'il se suffit à lui-même. On croit qu'on va faire un voyage, mais bientôt c'est le voyage qui vous fait, ou vous défait. (page 10)

jeudi 15 juin 2017

Quand sort la recluse, Fred Vargas, 2017, Flammarion, 478 pages.

  Quand Adamsberg est rappelé d'Islande...
  Quand il s'avère qu'il est toujours dans les brumes "islandaises"...
  Quand trois vieillards décèdent, tous les trois piqués par une recluse, timide araignée qui aurait tendance à se dissimuler...
   Quand le commandant Danglard, son fidèle adjoint, celui qui a la tête bien faite, semble le trahir et ne plus lui accorder sa confiance...
   Quand Adamsberg réalise que "ce n'était pas une seule "proto-pensée" qui embrouillait son esprit mais toute une bande éparse de bulles gazeuses" (page 406)

  Quelle imagination, Madame Vargas!
mais que c'est amusant de vous suivre, si tortueuse et pleine de méandres que soit votre intrigue, à l'instar du cerveau du commissaire Adamsberg! et que c'est plaisant de retrouver les personnages qui constituent la brigade!

   Lecteurs de Fred Vargas, amusez-vous! le cru 2017 est excellent !


jeudi 8 juin 2017

Ecouter la forêt qui pousse, Sophie de Laubier, 2017, The BookEdition.com, 192 pages.

    Ce petit opuscule est sous-titré Récit d'un voyage à pied. C'est celui de Sophie, "de Sisteron à Paris, huit heures par l'autoroute, quarante-huit jours au rythme du pas." (page 12)

     Car il s'agit de 900 kilomètres, à pied, seule, effectués pour faire connaître l'association Votre Ecole chez  Vous; cette école scolarise chez eux les enfants qui ne peuvent s'y rendre  car leur santé ne le leur permet pas. Grande voyageuse, Sophie est aussi une excellente marcheuse et elle a tracé son périple par les "chemins noirs " dont pourrait nous parler Sylvain Tesson, un de ses écrivains préférés; J'ai relevé aussi Nicolas Bouvier, Rimbaud, Verlaine, Christian Bobin... Professeur de français immergée dans Votre Ecole chez Vous, elle a pris une année pour accomplir ce périple, en faire un film, puis un livre pour nous sensibiliser aux besoins de ces nombreux enfants mal aimés du système scolaire.

  Elle va faire de très nombreuses rencontres, certaines prévues, d'autres tiennent aux hasards, mais elle savoure en général la beauté des échanges avec les enfants dans des classes et avec ses hôtes de passage; rares sont les bougons qui ne se laissent pas attendrir par une femme et la cause défendue, celle des enfants malades! J'admirai son courage devant tous ces kilomètres parcourus seule... mais elle confie qu'elle n'a eu qu'une seule fois une sale impression.

  Ce voyage, c'est aussi prendre le temps: l'aphorisme de Nicolas Bouvier illustre parfaitement le sentiment dominant: "prendre son temps est le meilleur moyen de ne pas en perdre". Sophie de Laubier essaie d'expliquer à sa fille Clémence chez qui elle fait halte que "[sa] lumière du moment se résume en deux syllabes: l'ins-tant. IN-STANS signifie qui se tient dedans, l'étymologie révèle la sève du mot. C'est bien de cela dont il s'agit: il y a une tension, et une fraîcheur à la fois, à vivre à l'intérieur de chaque minute, désencombrée du passé et du futur."(page 117)
  Dans son POSTAMBULE, Sophie égrène quelques pensées sur le temps et sa mesure sur les chemins de plein air et ces phrases rejoignent bien mes réflexions du moment. Son journal nous invite  aussi à voir et à contempler ce qui nous entoure.


jeudi 1 juin 2017

48 ème édition du GRAND PRIX DES LECTRICES ELLE avec GUERLAIN: 31 mai 2017!

       Les trois finalistes des catégories policier, document et roman, heureux et sympathiques! Dans mon blog, 3 articles sur ces 3 auteurs dont j'avais apprécié les œuvres... Succès bien mérité!
Olivier NOREK avec SURTENSIONS  et Mathias MALZIEU et son Journal d'un vampire en pyjama

Une lectrice comblée!
Leila SLIMANI avec Chanson douce (prix Goncourt)

Le temps est assassin, Michel Bussi, 2016, Presses de la Cité, 532 pages.

  L e dernier roman policier de Michel Bussi ne se passe pas en Normandie, mais, une fois n'est pas coutume, en Corse. Bussi nous embarque dans une histoire rocambolesque sur 27 ans, entre deux étés en Corse...

  L'héroïne, Clotilde, est une adolescente plus ou moins rebelle, en conflit avec sa mère, comme c'est souvent l'usage quand on a quinze ans; elle fait beaucoup plus jeune mais suit avec intérêt tous les marivaudages réunissant son frère Nicolas et les autres jeunes de 18 ans.
 Un terrible accident va coûter la vie à ses  parents et à Nicolas; Clotilde en sort miraculeusement indemne..

 Elle revient dans la même camping 27 ans après avec son mari et sa fille.. mais des événements bizarres se produisent...

  Je trouve souvent la solution avant la fin d'un  roman policier, mais là, chapeau l'artiste! j'avoue que j'ai découvert le meurtrier dans les dernières pages; le suspense est toujours parfait pour les amateurs du genre!


mercredi 24 mai 2017

Monsieur le curé fait sa crise, Jean Mercier, Qasar, 2015, 174 pages.

     On m'avait dit: c'est amusant!

    Ce roman est effectivement distrayant; on sourit souvent devant les portraits des dames "bien", devant les descriptions des réunions multiples... Le trait est bien cerné, il manque  parfois de subtilité, mais le fond reste très authentique.

    De quoi s’agit-il? finalement d'une sorte d'épuisement de monsieur le curé qui n'en peut plus des récriminations, des conflits plus ou moins larvés d'autorité et qui a aussi peut-être à régler un problème avec son orgueil. Jean Mercier, l'auteur rédacteur à La Vie, recentre bien la question centrale dans les derniers chapitres du livre, celle "de la force dans la faiblesse".

  Il ne s'agit pas d'une critique de l'Eglise, mais d'une reconnaissance des limites des êtres qui la composent, un peu à la manière de Guareschi avec ses Don Camillo. Ceci reste un ouvrage sans prétention, qui fait passer un agréable moment tout en nous laissant songeur.


jeudi 18 mai 2017

Belle d'amour, Franz-Olivier Giesbert, 2017, Gallimard, 376 pages.

    Décidément, F.- O. Giesbert aime les héroïnes hautes en couleur! Après La cuisinière d'Himmler et L'arracheuse de dents, voici Belle d'Amour, jeune femme prénommée Tiphanie vivant au milieu du XIIIème siècle. Elle va avoir une vie mouvementée, depuis l'Anjou, puis Paris, pour finalement partir en croisade, rencontrer le roi très chrétien Louis IX pour revenir mourir à Paris.

  Tiphanie est la narratrice et son récit est alerte, parfois truculent: notre jeune personne n'a pas froid aux yeux et ne s’embarrasse pas de périphrases pour raconter par exemple la naissance de son premier enfant:" Que j'eusse attrapé le mal de neuf mois, qui me faisait le ventre en bosse et la blouse levée, cela ne refroidit pas les ardeurs des Jean-Bon qui continuaient de me rembourrer le bas, désormais plein à craquer. Au moment où je commençais à perdre les eaux, j'étais en train de hurler à quatre pattes sous les coups de pioche d'un des fils qui m'avait montée. Des hurlements de douleur, pas de  plaisir." (pages 46-47)

   Notre héroïne est courageuse et ne se plaint jamais des multiples péripéties de son aventureuse existence. " Ne nous plaignons pas, disais-je après chaque malaventure. Il y a pire que nous." (page 276) ou encore: "tant que notre cœur bat, un miracle est possible, il faut le mériter. La vie est un pommier et les jours en sont les fruits. Aucun n'est pareil, il y en a toujours un pour rattraper l'autre. Un coup, il est parfait, une fois véreux, ou bien acide, farineux, blet, juteux, pourri." (page 329)

  Un autre élément du livre est particulièrement intéressant: c'est la posture adoptée par F.O.G. par rapport aux croisades et son regard non convenu sur l'Histoire et sur l'islam.
 Comme pour Rose, la fameuse cuisinière d'Himmler, on a peine à croire à une telle accumulation de retournements périlleux pour Tiphanie. Mais c'est aussi ce qui fait le charme des romans de cet auteur et ce qui retient notre attention sans faillir.





jeudi 11 mai 2017

On fait la taille, Emile Jadoul, 2017, Pastel, l'école des loisirs.

  Lapin aux grandes oreilles, la poule, le cochon, le canard puis la chèvre "jouent à la taille". Pour les non-initiés, il s'agit de déterminer qui est le plus grand!

  Un ballon s'en mêle, qui permettra de déterminer le ou les gagnants!

Un album qui devrait ravir les deux-trois ans qui accueillent parfois des petits frères ou soeurs...

jeudi 4 mai 2017

L'imposteur, Olivier Truc, récit, Calmann Levy 2006, Points 2015, 261 pages.

         Il faut sauver Richard de l'oubli... Richard?

  Le sous-officier Richard Douchenique-Blostin a une vie peu ordinaire et il se retrouve âgé, presque aveugle, avec une santé vacillante, en Estonie en 1995; c'est là que notre journaliste Olivier Truc le rencontre avec l'ambassadeur alors en poste et ils vont tenter de donner un passeport français à cet oublié de l'armée française, prisonnier de guerre, résistant, également rescapé du goulag.

  Le journaliste mène l'enquête pour trouver des preuves de cette nationalité française et étayer les dires de Richard. Il a parfois des doutes exprimés par le conditionnel ou des modalisateurs comme "semble t'il"; il les confie clairement au lecteur: "Je cherche en filigrane, sans m'en rendre compte au départ, des justifications aux aspects obscurs ou approximatifs du récit de Richard." (page 61)

   Richard va mourir avant la fin de l'enquête, mais O. Truc la poursuit, et il retrouve, entre autres découvertes,  le fils de cet homme énigmatique. Le voile ne sera pas complètement levé sur la véritable identité de "l'imposteur", mais on comprend que ces multiples mensonges ont servi à sa survie dans une époque troublée.

  Une enquête passionnante menée de main de maître par un journaliste connu pour ses romans policiers Le dernier Lapon, Le détroit du loup et La montagne rouge dont je vous parlerai prochainement.


mercredi 26 avril 2017

Imagier mouillé, Véronique Joffre, éditions Thierry Magnier, 2016.

  Voici un album tout simple qui renouvelle le genre de l'imagier et qui plaira aux tout-petits de 12-18 mois, avec l'apprentissage de vocabulaire autour du thème de l'eau, de la "goutte" à "plonger" en passant par la "mangrove", la "cascade", jusqu'à la "marée basse", tout ceci joliment illustré d'animaux plus ou moins exotiques, l'éléphant représentant la douche bien sûr, et le castor le barrage!
 Un livre très frais, cartonné pour résister aux petites mains..


Les portes du néant, Samar Yasbek, Stock, la cosmopolite, 2016, 290 pages, sélection ELLE catégorie document.

  Ce document bouleversant relate les différents retours de l'auteur en Syrie, alors qu'elle connaissait l'exil en France depuis 2011. Par trois fois (les trois portes), la jeune femme rentre dans son pays pour  tenter de venir en aide aux femmes et aux enfants grâce à de micro projets et, plus largement, afin de témoigner de ce qu'elle peut voir ou entendre du quotidien de toutes ces personnes qui subissent la guerre, les bombardements, ou relater ce que les combattants peuvent lui dire.


  Elle est ainsi témoin de l'horreur d'enfants blessés comme page 146  "une fillette de sept ans qui n'avait ni bras ni jambes", ou tués, "cette terre est pétrie du sang de nos enfants" (page 106),témoin  de cette habitude que prennent les enfants orphelins de fouiller les décombres sitôt le bombardement terminé pour pouvoir revendre le moindre débris, le moindre morceau de ferraille, histoire de survivre! Mais il en est de même pour de nombreux adultes:" Les gens côtoyaient la mort, ce n'était pas une métaphore, mais une réalité. ils n'avaient pas eu le loisir de comprendre la situation militaire ni le contexte politique, ils n'avaient ni le temps ni l'espace pour penser. Ils luttaient pour leur survie." (P.146)


  Ce livre nous montre la complexité de la situation sur le terrain avec les nombreuses factions de rebelles contre le pouvoir en place et la main mise de l'Etat Islamique sur ce pays. Ce document est parfois un peu ardu à suivre car il n'y pas d'interruptions dans son déroulé chronologique hormis les trois dates des voyages qui conduisent Samar Yasbek vers "le néant".


jeudi 20 avril 2017

Phalène fantôme, Michèle Forbes, traduction française 2016, Quai Voltaire, 275 pages, sélection ELLE.

  L'aventure du prix littéraire ELLE 2017 s'achève bientôt, et Phalène fantôme est le dernier roman de la sélection. Je n'ai rédigé d'articles que sur ceux que j'ai appréciés.

  L'intrigue se situe à Belfast entre août 1969 et mars 1970 et nous présente une jeune femme, Katherine, mère de famille comblée avec trois filles et un petit garçon, épouse aimée de son mari George. Mais Katherine est hantée cet été-là par sa jeunesse et une aventure amoureuse qu'elle a eu; il lui semble qu'elle est passée à côté de sa vie et de l'amour. A sa fille aînée Maureen qui lui demande "Comment on sait quand on est amoureux?", Katherine s'entend lui répondre: "on se sent flotter et brûler en même temps",(page 99) définition du coup de foudre "Je sentis tout mon corps et transir et brûler" (Phèdre) ou plus encore comme Louise Labé " Je vis, je meurs; je me brûle et me noie."

 Mais comment vivre une vie dans le regret de ce qui n'a pas été? et qui pourtant était son choix...
  Katherine est lasse et nous saurons bientôt pourquoi: la fin du roman est tragique malgré la poésie qui se dégage de certains passages et les nombreuses images et métaphores qui jalonnent le roman;
 Ainsi Katherine et sa fille Elsa contemplent une fin de nuit et l'aube qui approche: "La nuit se retire alors que le ciel du matin s'ouvre avec lenteur telle une porte monumentale. Dans le jardin, des traits de lumière abricot apparaissent derrière les silhouettes noires des arbustes, qui déploient leurs longues feuilles comme des insectes géants étireraient leurs longues pattes." (page 148)

  Que dire des phalènes fantômes qui parsèment le roman et qui en sont le titre? Papillons nocturnes ou crépusculaires, ils représentent pour notre héroïne "les âmes des personnes mortes" (page 148) dont celle de Tom, le jeune tailleur mort dont elle fut éperdument éprise.
  Comment vivre dans tout ce non-dit? cela va être finalement la question centrale de ce beau livre.


vendredi 14 avril 2017

Guerre et Paix, un film de Sergueï Bondartchouk, d'après le chef d'oeuvre de Léon Tolstoï, 1967.

  Film étourdissant de 6h44!

  Je l'avais vu en 1967 et j'en gardais un souvenir ébloui! je n'ai pas été déçue: il s'agit véritablement d’une oeuvre épique portée à l'écran de main de maître, restituant l'histoire bouleversée par la guerre de deux familles de l'aristocratie russe; mais c'est aussi le peuple cher au cœur de Tolstoï qui est montré sur ses images, souffrant de ces tourments liés à la guerre napoléonienne; l'Histoire est donc aussi un des personnages principaux du film.

  Les jeux de caméra sont travaillés: en 1967, il n'y a pas encore d'effets spéciaux, mais tout est dans la dextérité du réalisateur. Lorsque le prince Andreï Bolkonski pense qu'il va mourir, l'immensité des cieux est alors dévoilée dans un tournoiement d'images, traduisant son désespoir de quitter cette nature si belle. Ce qui prime chez tous les personnages, c'est l'amour de la vie envers et contre tout.

 Film russe, il s'agit d'une oeuvre majeure du XXème siècle. On peut saluer le travail du réalisateur qui a commencé à travailler sur ce film en 1961, a su s'allier l'armée , des entreprises et convaincre les lecteurs de Tolstoï très inquiets de voir dénaturer une des plus beaux romans de cet écrivain si imprégné de ce qui fait "l'âme russe".



mercredi 5 avril 2017

Et les mistrals gagnants, film d'Anne-Dauphine Julliand, 2017.

  A l'occasion de la sortie de son film, Anne-Dauphine Julliand fut l'invitée de François Busnel dans son émission La grande Librairie. Il évoqua alors le  premier livre de cette jeune femme, témoignage intitulé Deux petits pas sur le sable mouillé. (2011)

 Anne-Dauphine et son mari ont connu l'épreuve terrible de la maladie génétique et de la mort de leur petite fille Thaïs. La découverte est faite lors des deux ans de leur fille alors qu'il ne lui reste que quelques mois à vivre. Ils ont traversé l'épreuve de feu en vivant intensément l'instant présent, comme elle le rappelait le jeudi 23 mars 2017. (vidéo encore sur internet, première partie d'émission, à visionner absolument)

Elle nous relate dans Une journée particulière (2013) un 29 février, date anniversaire de Thaïs: elle aurait eu 8 ans. Aucun pathos, beaucoup de pudeur sensible, mais une mémoire aiguë des événements.

Anne-Dauphine a décidé de donner la parole aux enfants malades:avec Et les mistrals gagnants elle réalise un film juste, car les enfants sont vrais; à voir absolument, en salle s'il passe encore ou, un peu plus tard, en DVD.

bande annonce du film http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=249216.html

jeudi 30 mars 2017

Entretien avec un ex-vampire, vendredi 24 mars 2017, Paris.


   Dans le cadre de son prix littéraire,  ELLE a organisé dans la prestigieuse et luxueuse boutique Guerlain sur les Champs-Elysées une rencontre pour les lectrices pouvant se libérer avec certains auteurs de la sélection 2017. C'est ainsi que vendredi 24 mars, j'ai eu la chance de rencontrer Mathias Malzieu.

 Je vous en avais déjà parlé lors de la lecture de son témoignage Journal d'un vampire en pyjama (voir  ci-dessous mon article du  15 septembre 2016); j'avais été sous le charme de cette prose poétique parfois drôle, et souvent très touchante.    

Mathias Malzieu apprend qu’il est atteint d’une maladie assez rare et très grave, l’aplasie médullaire, autrement dit arrêt du fonctionnement de la moelle osseuse ; il n’a pas encore quarante ans… le traitement est lourd et son efficacité n’est pas garantie.
  Son journal ( 6 novembre 2013- 24 décembre 2014) nous relate son combat. Il se bat avec ses armes, c’est-à-dire tout d’abord une bonne dose d’humour et en tenant ce journal. Pour lui, la « seule possibilité de résister, c’est d’écrire. » et il écrit bien ! Maniant à la fois la poésie et les jeux sur la langue, comme l’évocation de « Dame Oclès », ou dans le bel éloge qu’il fait des infirmières page 116 : « Les infirmières portent en souriant des armoires à glace émotionnelles sur leur dos en souriant. Ce sont les grandes déménageuses de l’espoir. … elles sont cigognes-mamans-nymphes-filles. Elles gagnent à être (re)connues. »
  La création artistique reste indispensable aussi à son moral : « j’ai la rage de créer. Mettre à distance la réalité pour mieux l’affronter m’est aussi vital que les transfusions de sang. (p. 141) « organiser ma résistance en mobilisant les ressources de l’imagination ». (p.39)

 Comment ne pas parler du rôle de l’entourage, si précieux dans ces moments très difficiles à vivre ? Rosy sa compagne, son père si touchant, sa « grande petite sœur ». Sans pathos, il évoque les relations avec chacun durant les épreuves endurées, les espoirs et les crises de rage ou de désespoir…

 Un très beau livre, porteur d’espérance… une vraie leçon de courage  racontée avec verve.
A lire absolument par tous!"



 Nous avons parlé tranquillement tous les deux; bien sûr j'ai pu lui dire combien j'ai aimé son livre;son humour, mais à ma remarque sur la façon dont il parle des gens qu'il aime, c'est-à-dire avec pudeur et une certaine distance, j'ai vu son regard changer, s'embuer, preuve d'une vraie émotion: il a acquiescé gravement, puis nous sommes passés à des choses plus légères comme son prochain livre: il y racontera sa traversée de l'Islande en skate à moteur, avec sac à dos, et il m'a avoué qu'il avait découvert Sylvain Tesson à cette occasion là (Dans les forêts de Sibérie, Sur les chemins noirs en particulier) mais qu'il se sentait "très Castor junior" à côté de lui. Il n'empêche que ce sont tous les deux des hommes de défi.


 J'attends avec impatience la sortie de son livre en septembre prochain: son titre est encore secret.

 J'espère et je pense qu'il sera le lauréat des lectrices 2017!

En t'attendant, Emilie Vast, 2014, éditions MeMo.

  Emilie Vast nous égrène par la bouche d'une future maman les merveilles que la nature opère au fil du temps, et ce temps de la nature nous renvoie au temps de la grossesse: tout ceci avec simplicité et des dessins purs et poétiques.

"De la chenille au papillon,
  de la fleur au fruit,
  toutes les choses que j'ai vues,
  en t'attendant."

A partager avec des petits dès 2 ans.


jeudi 23 mars 2017

Petit pays, Gaël Faye,2016, audiolib lu par l'auteur.

  Ne pouvant lire actuellement, je suis allée chercher dans ma médiathèque préférée des livres audio. J'ai trouvé avec bonheur Petit pays...

  L'écoute d'un livre n'a rien à voir avec sa lecture: c'est une approche qui nécessite une grande concentration; de plus, je ne peux noter ce qui me plait car je ne choisis pas le rythme de l'écoute comme on peut choisir son rythme de lecture. Il n’empêche que j'apprécie ce temps passé avec l'auteur, car c'est Gaël Faye qui lit son oeuvre et sa voix est ajustée à son roman. Je pense qu'il possède l'art du conteur.

 Je ne vous dirai rien du livre, si ce n'est qu'il est à la fois touchant et drôle, que ses personnages sont bien campés, et que j'ai très envie de me plonger dans la (re)lecture de Petit pays!

Prix du roman Fnac et Goncourt des lycéens 2016! Nos élèves ont décidément très bon goût...

jeudi 16 mars 2017

Le quatrième mur, Sorj Chalandon, 2013, Grasset, 327 pages.

     Le quatrième mur est une invention de Diderot pour désigner le mur factice dressé entre acteurs et spectateurs, celui qui permet l'illusion théâtrale.

     Le titre annonce donc un roman qui a trait au genre théâtral: il va s'agir d'Antigone, celle d'Anouilh qu'un metteur en scène juif, Samuel, voudrait faire jouer à Beyrouth dans les années 80; il voudrait rassembler pour jouer des membres des diverses communautés et religions qui vivent dans ce lieu tourmenté: un acteur dans chaque camp avec Imane, une Palestinienne pour Antigone, Hémon est un Druze, etc...
 Mais Samuel a un cancer et il va mourir; il demande alors  à Georges, un ami français, jeune metteur en scène, d'aller au Liban et de monter la pièce à sa place. Georges accepte au grand désespoir de sa femme Aurore qui craint de le voir partir dans ce pays loin d'être calme.

  Georges part à Beyrouth et le nom de Samuel lui ouvre les portes dont il a besoin. Il rencontre les différents acteurs, et leur fixe rendez-vous pour dans quatre mois. Il rentre en France, retrouve Aurore et leur petite fille Louise.

  De nombreuses péripéties graves vont attendre Georges à son retour au Liban Nous rentrons dans le drame et théâtre et vie réelle s'entrecroisent. Roman noir, comme certaines pièces d"Anouilh, Le quatrième mur possède la force  des tragédies grecques, sans espérance, mais emplie de beauté. Les lycéens ne s'y sont pas trompés, eux qui lui ont décerné
le prix Goncourt des lycéens en 2013...

jeudi 9 mars 2017

AMÉRICAINES, Patrick Sabatier, éditions Bibliomane, 2016, 253 pages, sélection ELLE.

  Voici un ouvrage difficilement classable, mais intéressant pour le parti pris choisi: balayer l'histoire américaine à travers des femmes d'exception de 1608 à 2016.

  L'auteur opère un classement, des pionnières aux dirigeantes, en passant par les guerrières, les aventurières, les conquérantes et les militantes.

  J'ai retrouvé avec plaisir des figures connues, comme la mythique mais néanmoins réelle Pocahontas ou l'écrivain Harriet Beecher-Stowe dont j'avais dévoré jadis le roman aujourd'hui controversé La case de L'oncle Tom; je salue au passage le courage d'Helen Keller, la grâce d'Isadora Duncan, la force d'Eleanor Roosevelt...

 J'ai découvert d'autres femmes, peu banales également comme l'utopiste Ann Lee, appartenant à la secte des Shakers,  qui se prenait pour une Seconde incarnation de Dieu sur terre (page 38) ou la journaliste Billy Bly qui fait en 1890 seule le tour du monde en 72 jours, 6 heures et 11 minutes, véritable exploit pour l'époque et inventant aussi le grand reportage rédigé à la première personne.

  Amusant:des clins d’œil sur quelques personnages iconiques comme la très célèbre Claire Underwood qui clôt ce livre.

 Cet ouvrage, abondamment illustré, sans être de la grande littérature, se feuillette avec plaisir; à quand un équivalent français mettant à l'honneur nos Jeanne d'Arc, Marie Curie et autres grandes figures féminines? Et n'oublions pas toutes les figures héroïques de l'ombre!


jeudi 2 mars 2017

Des phrases courtes, ma chérie, Pierrette Fleutiaux, 2001, Actes Sud, 223 pages.

  Ce livre relate de manière pudique mais un peu douloureuse la complexité des relations mère-fille lorsque la mère vieillit... le style est élégant, la narration est chronologique avec parfois une impression de "haché" due à la succession de petites saynètes.

  Mais l'auteur qui est aussi la narratrice se demande si elle a le droit de faire de sa mère un personnage de roman et surtout "si elle avait eu l'idée d'apparaître un jour dans un livre, ce n'est certes pas celle que je fais apparaître ici,  pas cette vieille femme dans ses pathétiques derniers efforts" (page 174)


  26 chapitres avec des titres très courts traitent du thème de la vieillesse, considérée comme une lutte, un enfermement: P. Fleutiaux utilise souvent l'image de "la cellophane".  Mais la mère reste néanmoins une séductrice qui prendra soin jusqu'à la fin de son apparence,  que ce soit devant le docteur, devant le directeur de la maison de retraite "chic " ou  la vendeuse de robes. Un exemple frappant est celui de la salle à manger "la grande épreuve"[...] le lieu où se vérifie en public, la légitimité de votre présence." (page 177). Marie de Hennezel est plus positive, je pense en particulier à l'essai La chaleur du cœur empêche nos corps de rouiller.

  Aucun chapitre n'est intitulé "mort" même si le dernier chapitre raconte la mort de la mère. Il aura fallu deux ans à notre narratrice avant de rapporter ces dernières années, nécessaire mise à distance avant l'écriture. Ce livre est plus un témoignage qu'un roman, un hommage rendu à la mère jamais nommée et un document très émouvant.
Un article précédent rendait compte d'un ouvrage plus récent du même auteur: Destiny

jeudi 23 février 2017

Tropique de la violence, Nathacha Appanah, 2016, Gallimard, 175 pages, sélection ELLE.

   Le roman de cette jeune écrivain est extrêmement émouvant tout en étant d'une violence infinie.

   Il est construit par des narrateurs successifs et le procédé peut désorienter.

   L'auteur va d'abord faire intervenir une jeune femme blanche, Marie,infirmière, quand elle a vingt-six ans, puis vingt-sept, avec toute une série d'anaphores, tout ceci très rapidement, jusqu'à son mariage, puis son divorce et enfin l'adoption d'un petit Comorien abandonné par sa jeune maman; la force du style tient à cette accélération du temps: tout ce qui est nécessaire à la compréhension du récit nous est dit, mais avec une économie de moyens très importante.

 L'intrigue se situe à Mayotte, "l'île aux enfants" (page 13); on sait que beaucoup de Comoriennes viennent accoucher sur cette île française pour que leurs enfants aient la nationalité française, donc sans doute une meilleure vie. Que de désillusions!

  L'enfant adopté,prénommé Moïse, dit Mo, l'un des narrateurs, suit un chemin classique au début: il va à l'école, sa maman lui raconte des histoires, son livre préféré est L'enfant et la rivière d’Henri Bosco. Mais un jour il reproche à sa mère de l'empêcher de vivre "sa vraie vie". Il est séduit par la personnalité de Bruce (autre narrateur), le chef des enfants dans le quartier de Kaweni surnommé Gaza, "bidonville, ghetto, dépotoir, gouffre, favela, immense camp de clandestins à ciel ouvert, énorme poubelle fumante que l'on voit de loin."(page 51) Celui-ci fournit cigarettes, drogues, bières et autres plaisirs. Moïse est dans le circuit et son destin semble alors inexorablement tragique: plus d'échappatoire possible, la désobéissance mène à l'affrontement, puis à la révolte... Cela conduira Mo au meurtre.

  C e qui est étonnant dans ce roman, c'est la prédominance du lyrisme malgré la dureté des situations vécues, que ce soit en prison page 42 "La nuit était silencieuse, épaisse et chaude. Elle se pressait contre moi et j'ai eu l'impression qu'elle pourrait m'avaler et que ce serait en douceur et tout doucement", ou l'évocation avec l'éducateur Stéphane du livre fétiche "Ouvrir ce livre c'était comme ouvrir ma propre vie, cette petite vie de rien du tout sur cette île, et j'y retrouvais Marie, la maison et c'était la seule façon que j'avais trouvée pour ne pas devenir fou, pour ne pas oublier le petit garçon que j'avais été."(page 127)

  Constat amer?  Un cri d'alarme de plus? La situation à Mayotte semble effectivement explosive mais je ne sais quel poids peut avoir cette fiction inspirée de faits réels vécus par des êtres de chair et de sang. Les politiques sont joliment traités dans le roman: des promesses avant les échéances électorales puis, passé le résultat du scrutin, le voile et l'oubli retombent sur l'île qui possède le plus beau lagon du monde...

  Une gêne pour moi à la lecture du roman: le choix fait par Nathacha Appanah de faire parler les morts; il semble que cela enlève une part de crédibilité à cette fiction.