jeudi 7 décembre 2017

Bakhita, Véronique Olmi, 2017, Albin Michel, 456 pages, prix du roman Fnac..

     Bakhita, une histoire véridique bouleversante dont Véronique Olmi s'est emparée pour nous offrir un très beau roman.

     Bakhita est une petite fille née au Darfour au milieu du XIX ème siècle, enlevée à l'âge de 7 ans pour être vendue comme esclave au Soudan, comme sa grande sœur l'avait été précédemment. Véronique Olmi nous rapporte la force intérieure de cette petite fille qui subit, cramponnée à la main d'une autre petite fille, les sévices insupportables infligés par des hommes cruels et rapaces.

  La première partie du livre évoque la vie d'esclave: battue, tatouée, livrée très jeune aux mains des hommes pour leurs jeux sexuels, vendue à plusieurs reprises et changeant de maîtres toujours inhumains,"Regardez ce que je vous ai rapporté du marché!" (page 106), Bakhita est douée d'un grand courage et éprouve parfois le sentiment de consolation, même si elle n'est pas encore capable de mettre des mots sur ce qu'elle ressent.

  Elle est belle, et c'est pour elle une malédiction. (page 113) Quand elle a presque 10 ans,  le jeune maître Samir la fait venir: il va se marier et il teste sur elle sa jeune virilité. Puis il la bat comme pour la tuer, rempli de haine.Elle en sortira brisée: "Bakhita est maintenant un jouet cassé. Et impur. Elle va donc être chassée"(page 128) Vendue à un général turc, elle finira par être achetée par le consul italien à Khartoum, "et cet homme va changer le cours de sa vie."

    Ce consul l'emmènera donc en Italie, et la seconde partie du roman se passe dans ce pays. Les Italiens n'ont guère eu l'occasion de croiser des Noirs et Bakhita est considérée par nombre d'entre eux comme un suppôt de l'enfer, un démon venu les effrayer.

    Toujours considérée comme esclave par la femme à qui elle a été "donnée", elle ne sera libérée que treize ans plus tard par une décision du procureur du roi "je déclare libre la Moretta". Baptisée, elle va choisir librement de rester dans l'ordre des sœurs canossiennes. Elle va encore subir des humiliations, comme celle de l'exposition à la porte, pour que soi-disant, les gens s'habituent à sa peau si noire. Mais elle a fait surtout par l'intermédiaire d'un homme bon, l'expérience de l'Amour divin et d'un "Paron", un maître toujours présent et toujours bienveillant, Dieu. Elle va faire preuve toute sa vie d'une extrême bonté, d'une attention aux petits et aux faibles toute en restant d'une très grande humilité.
    En 1995, Jean-Paul II la déclare patronne du Soudan et il la canonise en 2000. Il déclarera: "Il n'y a que Dieu qui puisse donner l'espérance aux hommes victimes des formes d’esclavage anciennes ou nouvelles."

  Véronique Olmi donne vie à cette femme dans ce roman puissant et passionnant. Le choix d'écrire un roman extrêmement documenté plutôt qu'une biographie lui permet de s'emparer des éléments du réel pour nous les restituer avec une très grande sensibilité et une grande force d'évocation grâce à sa belle plume.





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