jeudi 14 décembre 2017

La grande vie, Christian Bobin, Gallimard collection Folio, 2014, 103 pages.

  Comment raconter Christian Bobin?




  Difficile! C'est un poète qui nous apprend à regarder autour de nous, qui est capable de s'émerveiller devant toutes les petites choses qui font notre existence, ou qui nous aident à vivre:

devant un auteur comme Marceline Desbordes-Valmore "Chère Marceline Desbordes-Valmore, vous m'avez pris le cœur à la gare du Nord et je ne sais quand vous me le rendrez. C'est une chose bien dangereuse que de lire." (page 13)

A propos des livres: (mon lecteur me pardonnera cette conversation décousue, à hue et à dia, mais je suis embarrassée devant la multitude d'éléments qui m'interpellent!) Christian Bobin en fait ses amis, comme Jean Rouaud "Les livres sont des gens étranges. Ils viennent nous prendre par la main et tout d'un coup nous voilà dans un autre monde." (page 43) et, un peu plus loin, page 46:"Sur la table cirée la pomme rouge crie de joie. On n'entend qu'elle. Je pose à son côté le livre de Ronsard: le livre est plus vivant qu'elle."
Comment faire découvrir ceux qui n'aiment pas lire de la richesse de ce plaisir?

devant "la conversation du feu", "Je jetai mes soucis dans la cheminée et m'apprêtai à faire joyeusement les choses qui m'ennuyaient." (page 32)

devant un merle, et je crois que c'est l'évocation qui me plait le plus:" Tiens, me suis-je dit en te voyant: du courrier. Un mot du ciel qui n'oublie pas ses égarés. Tu es resté dix secondes devant la fenêtre. C'était plus qu’il n'en fallait. Dieu faisait sa page d'écriture, une goutte d'encre noire tombait sur le pré." Il faudrait citer tout ce paragraphe de la page 68.

    Ce poète sait voir et il pose sur la page les mots qui nous aident à voir. Il termine ce petit ouvrage par un bel hommage à sa mère entrée en démence quand il avait vingt ans, "J'ai retenu mon souffle pendant trente ans pour que mon chant éclate au zénith et qu'on n'en doute pas, en m'entendant, que cette vie est le plus haut bien même si parfois elle nous broie."

  Et je vous laisse savourer sa dernière phrase: "La poésie c'est la grande vie."


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