jeudi 15 février 2018

Les Bourgeois, Alice Ferney, Actes Sud, 2017, 350 pages.

     Grande saga familiale, Les Bourgeois nous racontent la vie de personnages qui traversent l'Histoire, le Temps. Dix frères et sœurs nés entre 1920 et 1940 vivent, aiment, se marient, ont à leur tour des enfants, certains font la guerre, et meurent.Une narratrice, (l'auteur?) qui est un membre de la famille, se penche sur ses ancêtres et sur ceux qui sont en vie. Elle dispose bien sûr de la mémoire familiale, des récits de Claude, l'un des dix, (mon préféré), elle observe et décrit des photos familiales, imaginant les pensées et les sentiments de ceux qui apparaissent sur ces documents.

  Le récit commence le 9 novembre 2013 et s'achève le 5 avril 2015. Curieusement, le fil de la narration nous semblera chronologique mais il y a suffisamment d'allers et retours entre passé et présent pour que ce ne soit jamais ennuyeux, malgré la taille du roman.

  Les Bourgeois sont des représentants d'une famille aisée avec le style de vie qui correspond à une époque où il y avait du personnel de maison mais pendant laquelle les femmes mouraient souvent en couches. Ils réagissent comme on s'y attend vu leur éducation, mais des valeurs solides fondent cette famille. Les liens d'affection et de solidarité sont très intenses entre les frères et sœurs et la "tribu" se serre les coudes quand il y a des coups durs.

  A l'ère du féminisme à tout crin, la narratrice s'interroge sur la mère de famille, Mathilde qui "a mis au monde dix enfants. Sans doute a -t-elle été treize ou quatorze fois enceinte. Voilà qui nous semble ahurissant et même épouvantable (comme le nombre d'enfants qui mouraient dans toutes les familles). Ce qui fut une évidence pour Henri et Mathilde peut provoquer notre sidération et réciproquement ce qui nous parait naturel ne l'était pas forcément pour eux." Et, à la page suivante, notre narratrice de conclure: "Je regarde vers l’avenir, de nouveaux dangers se profilent, les technologies recèlent des aliénations. Je regarde vers le passé, je ne m'interdis pas d'imaginer Mathilde heureuse." (pages 78 et 79)

  Nous devrions écrire sur nos familles, car "la passé est derrière nos yeux, notre mémoire est nécessaire." Roman familial, il nous renvoie à nos racines et à ce qu'il pourrait être important de connaitre et de se souvenir, parce que cela nous constitue et que nous pouvons en transmettre une part.

Roman assez facile à lire; certaines amies lectrices m'ont dit avoir eu du mal à "entrer dans l'histoire". Peut-être faut-il se donner les 50 premières pages avant d'abandonner?

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