jeudi 1 février 2018

Les loyautés, Delphine de Vigan, JC Lattès, 2018, 2016 pages.

      Roman choral, à quatre voix, qui nous happe du début jusqu'à la fin.

    Hélène, professeur de sciences, repère vite dans sa classe de cinquième, Théo, 12 ans et demi, à cause de son côté fragile, de ses yeux cernés que des veilles sur les écrans ne semblent pas suffire à expliquer. Elle le signale, mais il ne se passe pas grand chose, un vague signalement fait par l'infirmière scolaire,  il semble que les parents ne soient pas alertés. Hélène, elle, est particulièrement attentive aux souffrances de ses élèves à cause d'une enfance difficile et des mauvais traitements que lui a infligés son père.

  Théo, est la deuxième voix de ce roman: sa vie n'est pas simple effectivement. Ses parents sont divorcés, il vit suivant le principe de la garde alternée une semaine chez sa mère, une semaine chez son père. Le problème, c'est que son père a perdu son travail et petit à petit a sombré dans une déchéance sordide, obligeant Théo à de nombreux mensonges et surtout à trouver refuge dans l'alcool. Quant à sa mère, elle est tellement pleine de hargne envers son "ex" qu'elle n'a pas la capacité d'attention suffisante par rapport à son fils pour en voir les dysfonctionnements.

  Il découvre avec son copain Mathis l'évasion temporaire mais efficace que procure l'alcool." Un jour, il aimerait perdre conscience, totalement." (page 17). Vodka, rhum, gin, les alcools forts ne leur font pas peur, bien au contraire, mais leur procure une chaleur sans pareille.
  C'est Mathis le pourvoyeur (prélevant de l'argent dans le porte-monnaie de sa mère, réquisitionnant un grand frère de copain pour acheter les bouteilles...); Mathis n'aurait apparemment pas de problèmes familiaux, mais Cécile, sa mère, quatrième voix de la narration, vit mal l'évolution de son mari et de son couple.

  Les adultes ici sont si préoccupés par leurs soucis que les enfants dérivent -surtout Théo-. En effet, la mère de Mathis se méfie de Théo et tente d'interdire à son fils de le fréquenter... Mais rien ni personne ne retient Théo!

  En cinquième! et sous le nez des adultes! que ce soit au collège ou à la maison...
  Il faudra toute la finesse d'Hélène et l'amitié de Mathis... mais je ne peux dévoiler la fin de ce  récit qui m'a impressionnée.



 Le titre est curieux: "Ce sont des liens invisibles qui nous attachent aux autres, -aux morts comme aux vivants-, ce sont des promesses que nous avons murmurées et dont nous ignorons l'écho, des fidélités silencieuses..." Les loyautés, ce pourrait être ce qui nous fait agir, les valeurs que nous portons au plus profond de nous-même.
  L'écriture est fluide, rapide. On perçoit toute l'empathie de l'écrivain, sa sensibilité, son amour des personnes ou à défaut des personnages.

  Roman d'une lecture aisée qui devrait conquérir plus particulièrement un public féminin.


💗💗

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