Ce gros roman se dévore d'une traite: l'adulte qu'est devenu Shahaab nous raconte qui il était lorsqu'il avait quatre-cinq ans; cet enfant qui ne parlait pas était le souffre-douleur des autres enfants qui le traitaient de "débile", mot qu'il pensait au début être un mot gentil... Son père, blessé dans son orgueil paternel, le traite avec impatience et un certain mépris que l'enfant ressent puissamment. Shahaab ne l'appelle jamais "papa", mais il nous le présente comme "le père d'Arash", son frère aîné.
Reste sa mère qui sent bien que son fils est "normal", mais qui ne comprend pas son mutisme. Écartelée entre père et fils, elle n'est pas toujours juste avec ce dernier. Elle fait également entendre sa voix dans ce roman.
Quand Shahaab prend conscience des injustices commises envers lui, il sombre dans une violence aveugle et se venge des mauvais traitements et des punitions qui lui sont infligées: la famille de son père ne l'aime pas, il a l'impression que son père le déteste et que même sa mère ne le soutient pas. Il faudra la présence douce, patiente et pleine d'amour de sa grand-mère maternelle pour dénouer l'écheveau et apprendre à l'enfant à communiquer.
Cette histoire vraie écrite par une auteur iranienne est extrêmement touchante: elle nous montre de manière vivante les difficultés de relation dans une famille et comment des parents peuvent être aveuglés par des pressions extérieures; l'enfant aurait pu être définitivement brisé sans l'intervention de Bibi, la précieuse grand-mère. Le fait que l'intrigue soit située en Iran nous montre également la difficile évolution de cette société. Les relations fille-garçon sont extrêmement surveillées par la police et les événements actuels nous témoignent de l'exaspération des jeunes devant un régime autoritaire.
Le premier roman de Parinoush Saniee, publié en 2015, Le voile de Téhéran, roman d'une famille iranienne ordinaire, a été censuré en Iran et est devenu un best-seller international.
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