vendredi 26 février 2016

Le Caravage,première partie, la Palette et l'Epée, Milo Manara, 2015, BD, éditions Glénat. ****/*****

          Le graphisme et le style de Milo Manara donnent une vie saisissante à ce personnage historique qu'est Le Caravage. Cette bande dessinée trépidante à l'instar de la vie de son héros éponyme nous fait vibrer en découvrant les aventures de ce peintre italien de la fin du XVIème siècle et nous livre un aperçu émouvant de son oeuvre:
Deux souhaits: que le tome 2 soit rapidement en librairie!
                          aller contempler ces tableaux étonnants!


mercredi 17 février 2016

J'ai lu aussi...

La fille du train, Paula Hawkins, 2015,  ou comment grâce à un  battage médiatique colossal, un roman sans structure ni style devient un best-seller...

2084, Boualem Sansal, 2015, grand prix du roman de l'Académie Française: très bien écrit, intéressant et alarmant; le mot "soumission" revient à une fréquence importante. A lire!

La septième fonction du langage, Laurent Binet, 2015: à réserver aux linguistes et au petit cercle averti germanopratin...

Celle que vous croyez, Camille Laurens, 2016: on balance dans cette fiction entre réel et virtuel. Quel vertige!

S'abandonner à vivre, Sylvain Tesson, 2014, nouvelles: écrivain que j'apprécie..., son style, ses trouvailles...

Le crime de Lord Arthur Savile, Oscar Wilde, 1963 pour la traduction française: beaucoup d'humour dans cette courte nouvelle plagiée (?) par Amélie Nothomb...On passe un bon moment avec cet original.

Très amusant et sans prétention!





jeudi 11 février 2016

Palmyre l’irremplaçable trésor, Paul Veyne, 2015, Albin Michel, 141 pages.***/*****

   Paul Veyne est un érudit. Historien de l'Antiquité gréco-romaine, ancien élève de l'Ecole Normale Supérieure, il se dresse contre la barbarie de Daech en retraçant le portrait d'une ville aujourd'hui dévastée.
   Cette cité mixte, Paul Veyne parle même de patchwork (c'est lui qui souligne page 104) est caractérisée par son multiculturalisme: on y parlait jusqu’au 7ème siècle ap. J. C. l'araméen, le grec, le latin et l'arabe...Cette cité aura son heure de gloire jusqu'à l'avènement de la reine Zénobie et nous en avions pour preuve des vestiges magnifiques, monuments d'une richesse passée. Il ne reste que les photos pour contempler ces splendeurs.
   "Le théâtre de Palmyre, un des plus petits du monde antique, a pu servir aussi à des représentations religieuses comme en comportaient les cultes de la Syrie[...]Mais de nos jours, il sert à des représentations filmées qui sont fort différentes. C'est dans ce théâtre que sont mises en scène les exécutions atroces et ostentatoires. [...] Quant au musée archéologique de Palmyre, il est remployé aujourd'hui comme tribunal et comme prison." (p.110)
   Paul Veyne s'interroge sur les raisons de cet acharnement à détruire toute trace d'un passé prestigieux, et il nous propose l'explication suivante, à savoir que les islamistes ont "saccagé plusieurs sites archéologiques du Proche-Orient pour nous montrer qu'ils sont différents de nous et qu'ils ne respectent pas ce que vénère la culture occidentale." (p.119)
  Par ce livre, cet homme éminent entend résister à la barbarie; il  dédie et rend ainsi un ultime hommage à son ami l’archéologue Khaled al-Assaad, directeur général des Antiquités de Palmyre de 1963 à 2003, assassiné pour" s'être intéressé aux idoles.


  Une très belle évocation artistique et historique d'une cité antique dont il faut garder le souvenir!

jeudi 4 février 2016

La nuit de feu, Eric-Emmanuel Schmitt, Albin Michel, 2015, 183 pages.**/*****

    On ne présente plus Eric-Emmanuel Schmitt, auteur prolifique, mais cet ouvrage est d'un genre assez nouveau pour lui: en effet, il ne s'agit pas d'un roman, ni de théâtre, mais d'un témoignage.
    A vingt-huit ans, il entreprend un voyage dans le grand sud algérien en compagnie d'un metteur en scène, sur les traces de Charles de Foucauld, pour tenter de comprendre la démarche absolue de ce mystique auparavant "riche héritier snob". Avec eux, une équipe prête à s'enfoncer dans l’immensité du Hoggar pour diverses raisons. Un jeune guide musulman algérien  les accompagne, un Touareg avec lequel il va établir un véritable lien amical.
   Au cours de la descente du mont Tahat, le plus haut sommet du Hoggar, Schmitt caracole en tête, tant et si bien qu'il va finir par s'égarer; la nuit tombe et il va être contraint de passer la nuit dehors...
    Sans tout raconter, on peut dire que l'auteur compare cette expérience à celle de Blaise Pascal qui avait employé l'expression "la nuit de feu" pour désigner une révélation mystique. E-E Schmitt a gardé longtemps cette révélation pour lui, ne souhaitant pas partager cette "nuit inspirée". (p.178). Il a gardé le silence vingt cinq ans jusqu'au jour où une journaliste protestante plus habile et tenace que d'autres ne lui fasse avouer son secret. Cette "nuit de feu" est décrite en quelques pages.
   Son témoignage est intéressant, en particulier ce qui est dit de la foi et de la liberté (allez lire la fin du livre) mais ce qui me gêne , c'est l'aspect romancé de la narration. Raconté vingt-cinq ans après les faits, le récit est néanmoins très précis, alerte, comme si tout cela avait été retranscrit, noté.  La mémoire ne peut être si parfaite...