Paul Veyne est un érudit. Historien de l'Antiquité gréco-romaine, ancien élève de l'Ecole Normale Supérieure, il se dresse contre la barbarie de Daech en retraçant le portrait d'une ville aujourd'hui dévastée.
Cette cité mixte, Paul Veyne parle même de patchwork (c'est lui qui souligne page 104) est caractérisée par son multiculturalisme: on y parlait jusqu’au 7ème siècle ap. J. C. l'araméen, le grec, le latin et l'arabe...Cette cité aura son heure de gloire jusqu'à l'avènement de la reine Zénobie et nous en avions pour preuve des vestiges magnifiques, monuments d'une richesse passée. Il ne reste que les photos pour contempler ces splendeurs.
"Le théâtre de Palmyre, un des plus petits du monde antique, a pu servir aussi à des représentations religieuses comme en comportaient les cultes de la Syrie[...]Mais de nos jours, il sert à des représentations filmées qui sont fort différentes. C'est dans ce théâtre que sont mises en scène les exécutions atroces et ostentatoires. [...] Quant au musée archéologique de Palmyre, il est remployé aujourd'hui comme tribunal et comme prison." (p.110)
Paul Veyne s'interroge sur les raisons de cet acharnement à détruire toute trace d'un passé prestigieux, et il nous propose l'explication suivante, à savoir que les islamistes ont "saccagé plusieurs sites archéologiques du Proche-Orient pour nous montrer qu'ils sont différents de nous et qu'ils ne respectent pas ce que vénère la culture occidentale." (p.119)
Par ce livre, cet homme éminent entend résister à la barbarie; il dédie et rend ainsi un ultime hommage à son ami l’archéologue Khaled al-Assaad, directeur général des Antiquités de Palmyre de 1963 à 2003, assassiné pour" s'être intéressé aux idoles.
Une très belle évocation artistique et historique d'une cité antique dont il faut garder le souvenir!
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