Mathias Malzieu apprend qu’il est atteint d’une maladie assez rare et très grave, l’aplasie médullaire, autrement dit arrêt du fonctionnement de la moelle osseuse ; il n’a pas encore quarante ans… le traitement est lourd et son efficacité n’est pas garantie.
Son journal
( 6 novembre 2013- 24 décembre 2014) nous relate son combat. Il se bat
avec ses armes, c’est-à-dire tout d’abord une bonne dose
d’humour et en tenant ce journal. Pour lui, la « seule
possibilité de résister, c’est d’écrire. » et il écrit
bien ! Maniant à la fois la poésie et les jeux sur la langue,
comme l’évocation de « Dame Oclès », ou dans le bel
éloge qu’il fait des infirmières page 116 : « Les
infirmières portent en souriant des armoires à glace émotionnelles
sur leur dos en souriant. Ce sont les grandes déménageuses de
l’espoir. … elles sont cigognes-mamans-nymphes-filles. Elles
gagnent à être (re)connues. »
La création
artistique reste indispensable aussi à son moral : « j’ai
la rage de créer. Mettre à distance la réalité pour mieux
l’affronter m’est aussi vital que les transfusions de sang. (p.
141) « organiser ma résistance en mobilisant les ressources de
l’imagination ». (p.39)
Comment ne pas parler
du rôle de l’entourage, si précieux dans ces moments très
difficiles à vivre ? Rosy sa compagne, son père si touchant,
sa « grande petite sœur ». Sans pathos, il évoque les
relations avec chacun durant les épreuves endurées, les espoirs et
les crises de rage ou de désespoir…
Un très beau livre,
porteur d’espérance… une vraie leçon de courage racontée
avec verve.
A lire absolument par tous!
A lire absolument par tous!
Guéri, Mathias Malzieu part donc pour l’Islande le 26 août 2016 avec une planche à moteur électrique avec batterie au lithium nommée "Rosy One". Il va avoir quelques difficultés avec le fonctionnement de ce bijou, finalement pas si pratique que cela pour skater au pays des volcans. Heureusement, il y aura Rosy Two!
Son journal est plaisant à lire pour le périple qu'il représente et on peut saluer la ténacité de Malzieu en butte à un univers bien différent du bitume parisien. De Reykjavík à Akureyri et jusqu'au cercle polaire, il découvre des paysages surprenants et splendides, ayant même la chance la veille de son départ de contempler une aurore boréale!
J'avoue que le lire après Sur les chemins noirs de Tesson n'était pas une bonne idée: leurs visées et leurs propos sont trop différents et la comparaison n'est pas, à mon goût, flatteuse pour Malzieu. Il reste néanmoins une belle découverte de ce pays si étrange et d'une belle victoire sur la maladie.