mercredi 29 juillet 2015

Quelques-uns, Camille Laurens,1999, P.O.L, 122 pages.

         Camille Laurens est une écrivain agrégée de lettres modernes et enseignante. Elle a perdu un bébé mort deux heures après la naissance, l'obstétricien n'étant apparemment pas intervenu à temps.
         Dans Quelques-uns, Camille Laurens se livre à une réflexion sur les mots et  nous parle de leur puissance "comment les mots qui sont des choses, ont-ils ce pouvoir d'aider les hommes à vivre?"(p.11)."Car les mots pansent: eux par quoi s'élabore la pensée-on disait autrefois le pensement- prennent soin aussi de nos blessures."(p.12). Et le réconfort peut venir de la lecture et de l'écriture.

         Elle s'intéresse à ce qui nous paraît être des petits mots sans importance,et leur consacre des chapitres.Ces mots sont  usuels comme le pronom "on", ou l'adverbe "jamais"qui nous renvoie à la langue racinienne et à la fameuse plainte de Bérénice dans la pièce éponyme:
"Pour jamais! Ah! Seigneur, songez-vous en vous-même
Combien ce mot cruel est affreux quand on aime!"
          Nous pouvons glaner aussi  quelques expressions courantes comme "il y a" et 'je ne sais quoi" qui dit toujours ce qui manque, la nostalgie du mot perdu et le désir de l'impossible[...]"
         Je ne peux tout citer, mais le nom commun "chagrin" avec "la tentation de survivre au désastre et de rester nous-mêmes"(p.104) et "rien" avec Mallarmé "la goutte du néant qui manque à la mer" me semblent significatifs du pouvoir thérapeutique de la lecture et sûrement de l'écriture pour notre auteur.
         Rapprochons cet ouvrage de l'essai de Régine Detambel, Les livres prennent soin de nous, paru chez Actes Sud en 2015.Assez technique, cet essai rejoint l'étude de C. Laurens en soulignant les vertus de "l'histoire" quelque soit l'âge ou la condition sociale ou psychique du lecteur.

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