Marco Politi, journaliste, est un fin connaisseur du Vatican dont il est le spécialiste dans le journal La Repubblica depuis 20 ans. Il est également le correspondant de plusieurs chaines de télévision, et l'auteur de plusieurs livres sur Jean-Paul II et d'un livre sur Benoit XVI.
Ce livre très bien documenté, dense, parfois touffu, nous présente le pape François tout d'abord par rapport aux papes qui l'ont précédé, puis il retrace les débuts si intenses, parfois déroutants du pape: le cardinal Bergoglio, prêtre et jésuite, se voulait homme à l'écoute des hommes, "un pauvre parmi les pauvres". L'Eglise connait avec lui une véritable révolution et un combat impitoyable, car François s'oppose aux membres influents de la Curie romaine, a déclaré une guerre courageuse contre la mafia, la chasse à l'argent sale, etc...
L'autre dimension évoquée est la dimension intérieure, celle du prêtre, à travers son rôle de pape "comme prêtre et témoin de l’Évangile tourné vers l'humanité".
Ce livre est très intéressant et peut être complété par la lecture du livre de Jean-Marie Guénois, spécialiste reconnu du Vatican lui aussi, rédacteur en chef des religions au Figaro, chargé des religions; dans Jusqu'où ira François?, J-M Guénois expose dans une analyse fine et pertinente les défis intérieurs à l'Eglise et les forces en présence.
mercredi 27 mai 2015
Le cœur du pélican, Cécile Coulon, 2014
Ce roman en trois parties qui représentent trois points de vue nous raconte l'histoire d'Anthime, jeune adolescent sélectionné par son collège pour la course.Son rêve de gloire sera vite brisé et Anthime "s’empâte" jusqu'au jour où, avec la complicité de ses enfants, il décide de repartir courir. Il se lance le défi de traverser le pays: je ne comprends pas trop cette hargne, cette colère venue de très loin en lui.L'explication est peut-être dans la phrase finale: "vous avez ri d'un homme qui tombe".
J'ai trouvé cette histoire assez décousue, parfois un peu simpliste. J'attendais une évocation plus littéraire du symbole du pélican. Dans un autre genre, je préfère le mythique "cours Forest! cours!" La course de Forest Gump est productrice de liberté; bref, je ne partage pas l'engouement de François Busnel pour ce roman. C'est mon droit de lectrice!
J'ai trouvé cette histoire assez décousue, parfois un peu simpliste. J'attendais une évocation plus littéraire du symbole du pélican. Dans un autre genre, je préfère le mythique "cours Forest! cours!" La course de Forest Gump est productrice de liberté; bref, je ne partage pas l'engouement de François Busnel pour ce roman. C'est mon droit de lectrice!
mercredi 20 mai 2015
Jacob, Jacob, Valérie Zenatti, 2014
Le titre de ce roman intrigue avec ce redoublement de prénom!
Le héros, treize ans au début du récit, habite Constantine avec sa famille dans un petit appartement où vivent son père Haïm, sa mère Rachel, mais aussi son frère aîné Abraham avec femme et enfants... L'action se situe dans la première moitié du vingtième siècle, vers 1920-1930. Tout n'est pas facile pour cette famille juive. Les figures masculines sont autoritaires, voire violentes, sauf Jacob, plus fin, plus cultivé et repéré par ses enseignants pour son intelligence. Il se retrouve enrôlé en juin 44 "pour libérer la France" alors que lui et ses coreligionnaires sont loin de pouvoir se représenter ce qu'est cette guerre. Le personnage de la mère, Rachel, est touchant, pathétique même dans sa quête effrénée de nouvelles et son inquiétude maternelle bien légitime.
Le roman est composé de deux parties: la première nous relate la jeunesse de Jacob, puis, après son enrôlement, ses découvertes et ses expériences de la guerre, de l'amour et de la mort. Il se découvre "défenseur d'une Europe qui avait tué ou laissé mourir ses juifs mais qui l'avait bien voulu, lui, pour la délivrer alors que trois ans avant son incorporation on ne l'avait plus jugé suffisamment français pour l'autoriser à franchir les portes du lycée d'Aumale." (page 149). La deuxième partie, plus brève, est d'une tonalité assez noire. Le narrateur nous y livre les destins des personnages et, plus largement, celui de la communauté juive de Constantine.
Revenons au titre: le lecteur trouvera assez rapidement dans le roman une explication à ce redoublement
, mais d'autres interprétations s'offrent à sa sagacité ou à sa propre lecture du livre.
Le héros, treize ans au début du récit, habite Constantine avec sa famille dans un petit appartement où vivent son père Haïm, sa mère Rachel, mais aussi son frère aîné Abraham avec femme et enfants... L'action se situe dans la première moitié du vingtième siècle, vers 1920-1930. Tout n'est pas facile pour cette famille juive. Les figures masculines sont autoritaires, voire violentes, sauf Jacob, plus fin, plus cultivé et repéré par ses enseignants pour son intelligence. Il se retrouve enrôlé en juin 44 "pour libérer la France" alors que lui et ses coreligionnaires sont loin de pouvoir se représenter ce qu'est cette guerre. Le personnage de la mère, Rachel, est touchant, pathétique même dans sa quête effrénée de nouvelles et son inquiétude maternelle bien légitime.
Le roman est composé de deux parties: la première nous relate la jeunesse de Jacob, puis, après son enrôlement, ses découvertes et ses expériences de la guerre, de l'amour et de la mort. Il se découvre "défenseur d'une Europe qui avait tué ou laissé mourir ses juifs mais qui l'avait bien voulu, lui, pour la délivrer alors que trois ans avant son incorporation on ne l'avait plus jugé suffisamment français pour l'autoriser à franchir les portes du lycée d'Aumale." (page 149). La deuxième partie, plus brève, est d'une tonalité assez noire. Le narrateur nous y livre les destins des personnages et, plus largement, celui de la communauté juive de Constantine.
Revenons au titre: le lecteur trouvera assez rapidement dans le roman une explication à ce redoublement
, mais d'autres interprétations s'offrent à sa sagacité ou à sa propre lecture du livre.
mercredi 13 mai 2015
Je vous écris dans le noir, Jean-Luc Seigle, 2015
La narratrice de ce roman est Pauline Dubuisson, jeune femme condamnée à mort trois fois par les hommes de son temps. A la fois victime et coupable, cette héroïne nous émeut dans la figure tracée par Jean-Luc Seigle dans les trois cahiers tenus par Pauline. Seigle s'inspire d'une tragédie réelle qu'il transpose ici; il démarre l'écriture des cahiers à Essaouira et nous revenons au même lieu à la fin du roman, au son du Requiem de Mozart.
Ce roman est d'une écriture fluide, assez facile à lire, mais certaines scènes restent lourdes de violence comme celle du viol. Seigle nous livre aussi une évocation des lectures de Pauline en prison. Parmi celles-ci, Crime et Châtiment, car le titre de cette oeuvre avait été mal interprété par une religieuse, gardienne de cellule qui n'en n'avait pas perçu toute l'ironie.
Certains d'entre vous connaissent sûrement le film de Clouzot sorti en 1960 avec Brigitte Bardot dans le rôle principal. Ce film est intitulé La Vérité. Ce qui est paradoxal dans le roman de Seigle, c'est que notre narratrice-personnage se trouve pénalisée quand elle dit la vérité sur elle, en particulier aux hommes qu'elle aime.
Le titre du roman est une parfaite métaphore de ce que cette femme a pu vivre.
Ce roman est d'une écriture fluide, assez facile à lire, mais certaines scènes restent lourdes de violence comme celle du viol. Seigle nous livre aussi une évocation des lectures de Pauline en prison. Parmi celles-ci, Crime et Châtiment, car le titre de cette oeuvre avait été mal interprété par une religieuse, gardienne de cellule qui n'en n'avait pas perçu toute l'ironie.
Certains d'entre vous connaissent sûrement le film de Clouzot sorti en 1960 avec Brigitte Bardot dans le rôle principal. Ce film est intitulé La Vérité. Ce qui est paradoxal dans le roman de Seigle, c'est que notre narratrice-personnage se trouve pénalisée quand elle dit la vérité sur elle, en particulier aux hommes qu'elle aime.
Le titre du roman est une parfaite métaphore de ce que cette femme a pu vivre.
mercredi 6 mai 2015
L'inconnu du Grand Canal
Si vous ne connaissez pas encore le commissaire Brunetti, lisez donc ce roman policier relatant une enquête effectuée après la découverte d'un homme blessé à l'arme blanche et repêché dans le Grand Canal à Venise. Cet homme est reconnaissable à une maladie très particulière, la maladie de Madelung qui déforme de manière prodigieuse le cou et le tronc. Ceci va permettre de l'identifier et de découvrir qu'il était vétérinaire et travaillait dans un abattoir entre autres pour subvenir à ses besoins de malade. Un des vices qui mène le monde est la cupidité. Je n'en dirai pas plus sur l'intrigue...
Paola,la femme de Brunetti, est bien sûr toujours présente mais il y a dans ce roman moins de savoureuses digressions ou de descriptions de bons petits plats italiens que cette universitaire trouve le temps de faire mijoter..., moins de petits verres de grappa...Mais on peut déguster le roman!
Paola,la femme de Brunetti, est bien sûr toujours présente mais il y a dans ce roman moins de savoureuses digressions ou de descriptions de bons petits plats italiens que cette universitaire trouve le temps de faire mijoter..., moins de petits verres de grappa...Mais on peut déguster le roman!
lundi 4 mai 2015
Berezina
Récit de Sylvain Tesson qui nous fait revivre en side-car (marque Oural!) la retraite de Russie. Deux cents ans après Napoléon, de Moscou à Paris, Tesson et ses compagnons empruntent ce chemin de déroute... L'évocation est épique ou lyrique dans l'écriture-des phrases sonnent parfois comme des alexandrins hugoliens- par exemple "Rien ne prédisposait la journée au combat", ou "les forêts étaient mauves, le paysage en soie"; et nous sombrons aussi à d'autres moments dans le tragique dans l'évocation de ce retour qui verra la mort de milliers d'hommes. quel carnage!mais quel très beau livre!
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