jeudi 5 novembre 2015

Villa des femmes, Charif Majdalani, Seuil, 2015, 279 pages.

     L'intrigue de ce roman est située au Liban, dans la maison des Hazek, riche famille libanaise. Le début de l'histoire nous montre la prospérité de cette lignée malgré les ombres causées par ce que l'on nomme les secrets de famille .Le déclin va commencer avec la mort de Shandar, le "patron", qui laisse une veuve et trois enfants, deux garçons et une fille, Karine. L’aîné, Noula, est un noceur qui va dilapider assez vite l'héritage familial; le second, lui, est un voyageur qui va errer de Zanzibar au Mozambique, comme il le rapportera à son chauffeur: "Lorsqu'il me le raconta, je ris de ce nom que je prenais pour un pays inventé dans les vieilles légendes, et aussi jusqu'au Mozambique, un pays que j'imaginais riche et bariolé à cause des mosaïques qui résonnaient dans son nom." (p.112).
      Le narrateur est donc cet homme, chauffeur de la famille, assis sur le perron en attendant les ordres et observant toutes les allées et venues."je revois danser les ombres et la lumière sur les arabesques du perron où j'attendais le patron. [...] j'aimais la propriété, l'usine, [...] J'aimais le domaine." (p.15). Le lexique est riche, les phrases sont souples et l'écriture agréable à lire, mais j'avoue être troublée par le choix du narrateur chauffeur qui cite Apollinaire sans guillemets: "[il] était las de ce monde ancien." (p.101).
     Le titre s'explique à la fin du roman. De belles figures de personnages féminins parcourent l'histoire sur fond des rivalités guerrières qui dévastèrent le Liban: Mado, sœur du patron, Marie, l'épouse de Shandar, et Karine, leur fille altière et intrépide, sans oublier Jamilé "la servante au grand cœur".
      Villa des femmes est une belle réussite de cette rentrée littéraire, alliant intérêt de l'intrigue et style travaillé.

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