Didier Pourquery est journaliste et a été rédacteur en chef de plusieurs titres de presse, dont Libération et Le Monde. Il a déjà publié des essais et un roman, mais ce livre est bien autre chose.
Je suis sortie très émue de cette lecture : D. Pourquery a perdu une fille, Agathe, il y a sept ans.
Elle était atteinte de mucoviscidose et allait avoir 23 ans. Au milieu d'une fratrie de trois sœurs, elle avait des liens particuliers avec son père: "Comment lui expliquer durant toutes ces années, parmi toutes mes avanies, aventures et hésitations, elle est restée mon point fixe?Comment lui dire sans pathos qu'elle a été ma boussole? Cette partie de moi, irréductible, qui me faisait tenir debout aux pires moments de dépression."(p.100-101)
Il lui a fallu 7 ans pour pouvoir écrire sur sa fille, l'évoquer, narrer son chemin de petite fille , d'adolescente pressée de vivre, de jeune adulte très clairvoyante et courageuse. "Lui dire comment je vais. Elle le sait bien. Quatre infarctus, un cœur encore faible et une déprime toujours en embuscade; pour le reste, c'est son style: elle passe de la plus bienveillante tendresse, des déclarations les plus émues aux agressions les plus dures. Dès qu'elle a senti sur elle, préadolescente, la morsure continue de la maladie, la routine pesant des soins, elle a oscillé entre ces deux attitudes.[...]Elle exagérait, parce que sa vie même exagérait." (p.159)
Il reprend ses notes, les lettres, les photos et restitue sa fille de manière poignante, sans doute pour lui-même, lui qui est "orphelin de sa fille", et pour nous, lecteurs saisis.
Ce livre est une déclaration d'amour à son enfant toujours présente en lui: "Il y a tellement de choses que je voudrais te dire ce soir, mon Agathe. Je vais les écrire dans un livre, ça me fera du bien de te les raconter dans un livre...de te raconter." (p.193) Ces derniers mots du livre datent de 2007, il aura fallu tout ce temps à ce père pour mettre des mots sur la vie si brève d'Agathe et leurs vies bouleversées.
Je disais que j'étais émue par ce livre: le sujet est d'une infinie tristesse, même si Didier Pourquery évite le pathétique et le mélo. Il nous restitue un beau portrait que je garderai en mémoire.
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