Destiny, c'est le nom d'une femme "jeune, noire, enceinte" qui peine dans un couloir de métro parisien; Anne, jeune grand-mère affairée, prend le temps de s'arrêter et va accompagner sur un bout de sa vie cette femme originaire d'un pays d'Afrique de l'Ouest, venue en Europe sur une promesse d'emploi mensongère.
Ce livre s'intitule "récit" et non pas roman: il y a un parfum d'authenticité, de situations vécues, de réalité. Le personnage de Destiny est un symbole: il représente ces femmes qui laissent leurs enfants à la garde de leur famille au pays, pensant trouver l'Eldorado et qui vont ensuite errer de galère en galère...
Son histoire est racontée par Anne à la troisième personne,et Pierrette Fleutiaux nous rapporte les pensées, les sentiments parfois contradictoires, souvent violents qui agitent Anne, un peu perdue dans la vie de Destiny, cherchant désespérément la meilleure façon d'aider cette jeune mère: "une vie de patachon"?"une vie de polochon"? "et bien plutôt une vie de fétu de paille, qui s'accroche comme il peut à ce qui le sauve dans l'instant." (p.125)
Comment agir? se demande Anne: le chapitre 56 évoque les divers visages de la Pauvreté et l'impuissance d'Anne à régler tous les problèmes qu'elle rencontre; "elle pourrait", "elle aurait pu"...
Ce qui est très beau dans cette histoire, c'est la force de caractère de Destiny, persuadée d'avoir un "destin"... et également la rencontre entre ces deux femmes qui pourront établir une relation certes ténue mais réelle, par cette fragile communication en anglais, par les gestes posés par Anne, petits ou grands et par cette forme d'amitié respectueuse qui naîtra entre elles deux.
Le récit est sobre, sans pathos comme il convient: l'évocation de la pauvreté qu'elle soit morale ou autre suffit à nous toucher.
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