Ce livre sur Camus ou plus exactement sur la vie de Camus autour de L'Etranger m' a beaucoup plu, et pour cause: il s'agit d'un roman de Camus que j'ai dû lire au moins dix fois et que j'ai étudié avec mes chers lycéens de seconde ou première avec toujours autant d’intérêt et de plaisir.
Tout ce qu'écrit Alice Kaplan n'est pas forcément nouveau pour moi, mais ce qui est intéressant, c'est la perspective adoptée: la construction de l'oeuvre est vraiment abordée dans le temps sous toutes ses faces; le document est extrêmement dense, précis, avec beaucoup de notes, tout en restant d'une lecture aisée.
On redécouvre que le Camus journaliste a aidé le Camus romancier: il a couvert des procès et était un journaliste de talent "le temps passé dans les tribunaux lui permettra de concevoir l'intrigue de L'Etranger autour d'un crime causé par les tensions raciales qui minent la société algérienne" (page 49). L'auteur le définit comme "un journaliste rapide et agile."
Je ne connaissais pas l'influence de Malraux sur Camus. Les remarques pertinentes de l'auteur de La condition humaine vont être prises en compte par Camus, en particulier dans la rédaction de l'acmé, la scène-clé du meurtre de "l'Arabe", qui va devenir le point d'orgue du roman.
Ce document est très fouillé et Alice Kaplan évoque le roman récent Meursault contre-enquête, dans lequel l'écrivain algérien "Kamel Daoud a donné un nom et une vie à cet Arabe, à son frère et à sa mère." (page 231)
Bien sûr, la fascination qu'éprouve Camus pour la peine de mort ainsi que le rejet qu'il en a à cause son caractère abominable sont également longuement traités et expliqués dans ce livre.
En conclusion, un livre puissant, non pas complexe mais dense: tout public? Je ne le pense pas, mais oeuvre fascinante pour les amateurs de littérature et plus particulièrement de Camus.
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