jeudi 24 mai 2018

Le Bon Cœur, Michel Bernard, La Table Ronde, 2018, 234 pages.

    Michel Bernard n'est pas "sous-préfet aux champs", mais sous -préfet de L'Haÿ-les-Roses! Cet homme a une vie bien remplie puisqu'il est aussi (ou d'abord?) écrivain: j'ai lu le magnifique Les Forêts de Ravel, (cf article du 21 janvier 2016), mais la liste de ses romans est  longue.
     Il revient avec Le Bon Cœur, roman sur Jeanne d'Arc: très documenté, collant à la vérité historique,  son livre possède une part romanesque très importante:

 Nous avons par exemple dans une prose poétique la description des paysages traversés par celle qu'on appelait la Pucelle:

"Ils marchaient à pas lents. Sur les claies d'osier le chèvrefeuille avait repris sa croissance. Sous les tonnelles pointaient, violettes, les pousses de la vigne. Entre les murs du château attiédis, dans la terre ameublie et fumée, l'hiver avait cessé de mordre. " (page 64) ou, plus poignant, dans sa prison de Rouen: "Elle vit des paysans cheminer vers la ville en menant un âne ou une charrette attelée de boeufs, des enfants se jeter des boules de neige, des vieilles femmes porter des fagots, les fumées monter des chaumières et les corbeaux hanter le ciel où la nuit attendait."(page 202)

  Michel Bernard nous montre aussi d'une plume les magnifiant tous les êtres croisés par Jeanne: il leur donne vie, leur donne chair et nous nous attachons à Jean d'Alençon qui va l'accompagner dans son périple avec fidélité "Il se sentait meilleur près d'elle et souvent heureux" (page 166), à ses frères qui la rejoignent, à La Hire qui pourtant  n'était pas un enfant de chœur! Le peuple aussi prend corps, qui veut voir Jeanne, la toucher, l'aduler ou l'insulter.

  Et bien sûr, la figure de Jeanne, cette petite paysanne de 18 ans, avec son accent lorrain, son aplomb, cette assurance liée à l'obéissance aux voix, sa grande piété, et son courage héroïque: une grande sainte de l'Histoire de France qu'il nous est donné de redécouvrir avec la grâce et l'élégance de l'écriture de Michel Bernard.


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