jeudi 10 septembre 2015

La partie de chasse, Isabel Colegate, Belfond, 1987, 318 pages.

     Isabel Colegate , née en 1931, est un écrivain britannique qui va connaitre le succès avec ce roman La partie de chasse, paru en Angleterre en 1980. Distingué par le W.H.Smith Literary Award, ce roman va devenir une oeuvre culte. Isabel Colegate s'est intéressée à un monde qu'elle étudie avec précision et une certaine "affection".

   Intrigue et cadre: une partie de chasse de vingt quatre heures dans un manoir au cœur d'un vaste domaine. Les unités de lieu et de temps sont donc présents, comme dans une tragédie "classique". La romancière situe l'intrigue vers 1920, après le décès d'Edouard VII, évoqué dans l'oeuvre "le plaisir qu'avait eu Minnie à voir son invitation acceptée par le défunt roi et les efforts qu'il avait dû déployer en conséquence pour que sa chasse soit conforme aux exigences de son hôte royal avaient tout simplement ruiné le domaine."(p.45)

    Comme dans Gosford Park, film de Robert Altman, ou Dowton Abbey,(série  qu'un ne présente plus!)  dont le scénariste Julian Fellowes  préface Une partie de chasse en disant tout ce qu’il lui doit, nous trouvons tous les personnages stéréotypes de cette époque: d'une part, les lords en train de chasser, et parmi ceux-ci, l'hôte, Sir Randolph, les épouses s'ennuyant à mourir dans les maisons de campagne, changeant de tenue trois fois par jour minimum, le banquier juif, sir Reuben, le comte hongrois, la jeune débutante, Cicely; d'autre part, ceux que l'on appelle  les domestiques, le garde-chasse, Glass, le précepteur, les femmes de chambre, les valets de pied, etc... sans oublier le braconnier.
   Mais tous ces personnages sont attachants, traités en profondeur. Ils ne sont pas réduits à être des fantoches, mais des êtres de papier qui peuvent nous ressembler! La vision d'Isabel Colegate n'est ni simpliste ni manichéiste, mais elle traite se personnages avec respect.
   Il me faut citer aussi le canard apprivoisé d'un des petits-fils, Osbert, garçon assez original. Ce canard, qui s'avère être en fait une cane, a reçu le doux nom d'Helena Valabette, et s'est malencontreusement échappé la matin de la chasse aux canards...
   Ce livre, fort plaisant à lire,-les 300 pages se parcourent sans difficulté-  au delà du plaisir de l'intrigue,  nous fait " découvrir les raisons qui ont provoqué l'effondrement de ce mode de vie, [...] explorer les zones grises où ces principes s'étaient corrompus et dévoyés, tout en soulignant les aspects positifs que l'on a sacrifiés." (Julian Fellowes, préface p.13)
  Un coup de cœur de cet été!



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