jeudi 14 juillet 2016

En attendant Bojangles, Olivier Bourdeaut, Finitude, 2015, 159 pages.

  Mes lectures se suivent mais ne se ressemblent pas. Après le "pavé"de d'Ormesson, voici un petit livre que l'on dévore dans la journée!

  Premier roman, En attendant Bojangles démarre sous le signe de la légèreté; le trait est souvent drôle et le style plaisant. Le narrateur, un jeune garçon, vit dans une famille pour le moins originale: le père, Georges déclare à son fils que "son métier, c'était de chasser les mouches avec un harpon." (P.7)
  Georges affuble sa femme de prénoms différents suivant son humeur et il dit d'elle "qu'elle tutoyait les étoiles". Pour compléter le tableau, il faut compter avec "la demoiselle de Numidie, un oiseau élégant et étonnant, [...] Mademoiselle Superfétatoire."

  La danse et la musique jouent un rôle très important dans cette histoire. Et nous avons rapidement l'explication du titre (p.24) : "son histoire était comme sa musique: belle, dansante, mélancolique. C'est pour ça que mes parents aimaient les slows avec Monsieur Bojangles, c'était une musique pour les sentiments.[...] Maman me disait qu'il dansait pour faire revenir son chien, elle le savait de source sûre. Et elle, elle dansait pour faire revenir Monsieur Bojangles. C'est pour ça qu'elle dansait tout le temps. Pour qu'il revienne, tout simplement."

  Mais ce roman commencé sous le signe de la légèreté change progressivement de tonalité et l'on sent l'intensité dramatique monter. Le lecteur comprend assez vite que cette femme aimée passionnément par son mari et ensuite par son fils est folle. Folie charmante au début qui s'apparente à une originalité exubérante, cette folie devient ensuite dangereuse pour elle et les siens: d'incendie en internement, puis en cavale, la vie est trépidante à l'image de cette femme .

  Le narrateur découvrira plus tard les carnets secrets tenus par son père, dans lesquels nous sont dévoilées à la fois sa lucidité et la passion qu'il éprouve pour Louise. " je me voyais mal expliquer à mon fils que tout était terminé , que désormais, nous irions tous les jours contempler sa mère délirer dans une chambre d'hôpital, que sa Maman était une malade mentale et qu'il fallait attendre sagement de la voir sombrer." ( p.122)

 Le dénouement nous prend à la gorge...

 Un très beau premier roman sur l'amour "fou", impossible, comme celui de Tristan et Iseut,


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