Voici un excellent Rufin! de la même veine que Rouge Brésil et Le Grand Cœur!
Ce roman retrace deux destinées hors du commun: celle d'Auguste, jeune noble originaire d'Europe Centrale et d'Aphanasie, fille d'un officier de l’armée impériale russe nommé gouverneur au Kamtchatka.
Ces deux personnages passionnément amoureux l'un de l'autre se sont sauvés de Sibérie après moult péripéties et ils racontent à deux voix leurs aventures à Benjamin Franklin, alors vieillard assez malade et fatigué résidant à Philadelphie. Leur périple, inspiré d'une histoire authentique, dépasse l'entendement pour des contemporains de Voltaire.
Ce récit se passe donc au XVIIIème siècle et Auguste fait régulièrement penser au jeune Candide de notre philosophe ironique. Comme pour Candide, la vie se charge de son éducation, mais notre héros apprend vite et bien... à tel point que son tour du monde le conduira à devenir roi de Madagascar.
Le style de ce livre m'a charmée: on y retrouve l'élan des grands romans historique cités plus haut; il met en valeur le caractère précieux de valeurs telles que l'honnêteté, le courage ou la liberté tout en soulignant le caractère fragile de toute vie humaine.
jeudi 28 septembre 2017
jeudi 21 septembre 2017
La montagne rouge, Olivier Truc, Métailié noir, 2016, 499 pages.
Le sous-titre de ce roman est une enquête de la police des rennes. Il y a bien un cadavre, plus exactement un squelette et Nina et Klemet, personnages des romans précédents d'Olivier Truc, vont être chargés de cette enquête hors du commun.
En effet, lors du marquage des rennes dans un enclos particulièrement boueux au pied de la Montagne rouge, un glissement de terrain se produit et un squelette sans crâne surgit!
On va savoir rapidement que ces restes humains sont très anciens: mais appartiennent-ils à un Suédois ou à un Sami?( Le lecteur français ne sait pas toujours que ce terme "sami" désigne les Lapons, ce dernier mot étant considéré comme raciste et donc injurieux.) Réapparaissent alors les tensions fortes et les querelles sanglantes qui divisent les deux communautés: qui était sur le sol en premier? A qui appartient cette terre? aux forestiers-plutôt suédois- ou aux éleveurs de rennes?
Leur chef, Petrus Erikson, va se livrer à une quête pour prouver l'appartenance de la terre aux Sami ou du moins leur antériorité. "Nous les Sami nous nous retrouvons souvent dans le camp des victimes face à la justice, et pourtant nous ne pouvons nous empêcher d'y croire." (p.51) Petrus Erikson se retrouve devant la Cour Suprême de Stockholm dans le banc des accusés, le collectif des forestiers ayant porté plainte contre les éleveurs, considérant que "les rennes de Balva viennent paître illégalement sur leurs terres, piétinent les jeunes pousses de pins et de bouleaux qu'ils plantent et causent toutes sortes de dommages qui leur coûtent très cher." (p.53) Petrus assure la défense des éleveurs en costume traditionnel de Sami, faisant sensation dans les rues de Stockholm!
Nina et Klemet vont mener une enquête difficile, croisant des personnages assez étonnants: l'antiquaire Bertil au passé douteux, Justina qui se déplace avec ses vieilles copines, sa bande de vieilles femmes équipées de cannes nordiques, spécialiste du "bilbingo", sorte de loto. N'oublions pas les archéologues, pas toujours d'accord eux non plus sur cette question de l'ancienneté.
Olivier Truc connait parfaitement bien la Suède et nous offre un livre parfaitement documenté qui dépasse largement le cadre du polar en nous proposant avec brio cette réflexion toujours d'actualité sur le droit de la terre.
En effet, lors du marquage des rennes dans un enclos particulièrement boueux au pied de la Montagne rouge, un glissement de terrain se produit et un squelette sans crâne surgit!
On va savoir rapidement que ces restes humains sont très anciens: mais appartiennent-ils à un Suédois ou à un Sami?( Le lecteur français ne sait pas toujours que ce terme "sami" désigne les Lapons, ce dernier mot étant considéré comme raciste et donc injurieux.) Réapparaissent alors les tensions fortes et les querelles sanglantes qui divisent les deux communautés: qui était sur le sol en premier? A qui appartient cette terre? aux forestiers-plutôt suédois- ou aux éleveurs de rennes?
Leur chef, Petrus Erikson, va se livrer à une quête pour prouver l'appartenance de la terre aux Sami ou du moins leur antériorité. "Nous les Sami nous nous retrouvons souvent dans le camp des victimes face à la justice, et pourtant nous ne pouvons nous empêcher d'y croire." (p.51) Petrus Erikson se retrouve devant la Cour Suprême de Stockholm dans le banc des accusés, le collectif des forestiers ayant porté plainte contre les éleveurs, considérant que "les rennes de Balva viennent paître illégalement sur leurs terres, piétinent les jeunes pousses de pins et de bouleaux qu'ils plantent et causent toutes sortes de dommages qui leur coûtent très cher." (p.53) Petrus assure la défense des éleveurs en costume traditionnel de Sami, faisant sensation dans les rues de Stockholm!
Nina et Klemet vont mener une enquête difficile, croisant des personnages assez étonnants: l'antiquaire Bertil au passé douteux, Justina qui se déplace avec ses vieilles copines, sa bande de vieilles femmes équipées de cannes nordiques, spécialiste du "bilbingo", sorte de loto. N'oublions pas les archéologues, pas toujours d'accord eux non plus sur cette question de l'ancienneté.
Olivier Truc connait parfaitement bien la Suède et nous offre un livre parfaitement documenté qui dépasse largement le cadre du polar en nous proposant avec brio cette réflexion toujours d'actualité sur le droit de la terre.
jeudi 14 septembre 2017
Comment faire lire les hommes de votre vie, Vincent Monadé, 2017, Payot, 123 pages.
Vincent Monadé est bien placé pour parler lecture... il préside le Centre national du livre, a été libraire, plume pour des hommes politiques et lit le reste du temps.
Ce livre s'adresse bien sûr aux femmes car "le lecteur est une lectrice"nous dit-il dès l'introduction, ce qui est confirmé par les libraires... Nombre de lectrices se désespère devant le peu d'intérêt que porte à la lecture l'homme qui partage leur vie.
En quelques chapitres, Vincent Monadé donne des pistes suivant les goûts de "Chéri": sport? Une stratégie se met en place avec des titres" pour l'appâter", d'autres "pour l'apprivoiser"...ou enfin "pour lire ensemble". J'ai également apprécié la technique de l'agent double (utiliser sa mère)! (page 87)
Il a le goût du risque? Proposez-lui Au revoir, là-haut de Pierre Lemaître, ou Le peintre des batailles de Pérez-Reverte . Expliquez-lui que ces livres sont beaucoup durs pour vous, décidément, "Laissez le livre sur votre table de nuit. Il ne mettra pas deux jours à migrer vers la sienne." (p.26)
Quels sont les moyens préconisé par notre auteur? la flatterie, (technique ancestrale), ou par exemple le rendre accro grâce aux "mauvais genres", ou encore utiliser l'enfant: Vincent Monadé a plus d'un tour dans son sac.
Tout ceci est raconté avec légèreté et humour et nous donne de surcroît quelques pistes intéressantes de lecture.
Ce livre s'adresse bien sûr aux femmes car "le lecteur est une lectrice"nous dit-il dès l'introduction, ce qui est confirmé par les libraires... Nombre de lectrices se désespère devant le peu d'intérêt que porte à la lecture l'homme qui partage leur vie.
En quelques chapitres, Vincent Monadé donne des pistes suivant les goûts de "Chéri": sport? Une stratégie se met en place avec des titres" pour l'appâter", d'autres "pour l'apprivoiser"...ou enfin "pour lire ensemble". J'ai également apprécié la technique de l'agent double (utiliser sa mère)! (page 87)
Il a le goût du risque? Proposez-lui Au revoir, là-haut de Pierre Lemaître, ou Le peintre des batailles de Pérez-Reverte . Expliquez-lui que ces livres sont beaucoup durs pour vous, décidément, "Laissez le livre sur votre table de nuit. Il ne mettra pas deux jours à migrer vers la sienne." (p.26)
Quels sont les moyens préconisé par notre auteur? la flatterie, (technique ancestrale), ou par exemple le rendre accro grâce aux "mauvais genres", ou encore utiliser l'enfant: Vincent Monadé a plus d'un tour dans son sac.
Tout ceci est raconté avec légèreté et humour et nous donne de surcroît quelques pistes intéressantes de lecture.
jeudi 7 septembre 2017
Les vivants au prix des morts, René Frégni, Gallimard, 2017, 188 pages.
Aperçu sur le plateau de la Grande Librairie lors de la dernière "saison", René Frégni m'avait intriguée: sa faconde,son passé,son présent et sa vivacité m'avaient plu. Fin juillet, j'aperçois son dernier roman sur l'étagère "coup de cœur" de la médiathèque: j'avoue que j'ai été séduite!
Roman? Le narrateur ressemble furieusement à son auteur; ce je s'appelle René, doit avoir lui aussi l'accent du Midi, écrit sur un petit cahier rouge; il s'est installé avec une charmante institutrice, Isabelle, dans un village de Provence.
René commence un premier janvier son journal: il note dans ce cahier offert par une amie ses pensées, ses actions, ses émotions; tout cela démarre fort paisiblement.
Mais son passé -il faut dire que René (le narrateur, tout comme l'écrivain) a animé longtemps un atelier d'écriture à la prison des Baumettes- va faire irruption le 22 janvier avec l'appel téléphonique de Kader qui vient de s'évader.
_Kader... L'atelier d'écriture aux Baumettes, bâtiment D...Kader... Derka...Le mec qui voulait pas écrire. Je suis venu pendant trois ans, tous les lundis, j'ai pas écrit un mot, mais je me régalais. Les seules années où j'ai appris quelque chose.
...
_ Tu as besoin de quoi?
_ Te voir, me planquer, disparaître.
Son rêve de petite vie tranquille et d'écriture sereine va voler en éclats!
En effet il ne peut que l'aider. Mais les angoisses vont l'envahir, le torturer, les cauchemars gâcher ses nuits; il ne peut plus écrire. Ce n'est pas simple en effet d'aider et d'héberger l'homme que toute la police de France recherche.
Des personnages haut en couleurs, de multiples rebondissements, une intrigue serrée vont nous tenir jusqu'au dénouement de ce roman haletant.
Roman? Le narrateur ressemble furieusement à son auteur; ce je s'appelle René, doit avoir lui aussi l'accent du Midi, écrit sur un petit cahier rouge; il s'est installé avec une charmante institutrice, Isabelle, dans un village de Provence.
René commence un premier janvier son journal: il note dans ce cahier offert par une amie ses pensées, ses actions, ses émotions; tout cela démarre fort paisiblement.
Mais son passé -il faut dire que René (le narrateur, tout comme l'écrivain) a animé longtemps un atelier d'écriture à la prison des Baumettes- va faire irruption le 22 janvier avec l'appel téléphonique de Kader qui vient de s'évader.
_Kader... L'atelier d'écriture aux Baumettes, bâtiment D...Kader... Derka...Le mec qui voulait pas écrire. Je suis venu pendant trois ans, tous les lundis, j'ai pas écrit un mot, mais je me régalais. Les seules années où j'ai appris quelque chose.
...
_ Tu as besoin de quoi?
_ Te voir, me planquer, disparaître.
Son rêve de petite vie tranquille et d'écriture sereine va voler en éclats!
En effet il ne peut que l'aider. Mais les angoisses vont l'envahir, le torturer, les cauchemars gâcher ses nuits; il ne peut plus écrire. Ce n'est pas simple en effet d'aider et d'héberger l'homme que toute la police de France recherche.
Des personnages haut en couleurs, de multiples rebondissements, une intrigue serrée vont nous tenir jusqu'au dénouement de ce roman haletant.
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