Ce roman suédois possède une trame narrative double:
L'hiver 1914 connait entre autres une terrible tempête de neige à l'extrémité nord de l'archipel de Stockholm; un groupe de sept jeunes gens, garçons et filles, repartis après un bal sur un chemin qui avait été balisé, vont tourner en rond sur cette île d'Hustrun balayée par des vents si forts que l'on ne peut plus se tenir droit, ni finalement avancer. Un chapitre est intitulé "Quand il fait si froid que les mots gèlent".Les parents, inquiets de ne pas les voir rentrer, se rassurent comme ils peuvent en se disant qu'ils ont dû rester à l'auberge. Quand il fera clair et que le vent sera tombé, ils partiront à leur rencontre...
En 2013, sur cette même île, Herrman Engström -dont la famille a été considérée comme responsable de la mort des 7 jeunes gens - attend le bateau-taxi d'Algot, le père d'Ellinor dont il était épris avant de quitter l'île. Surprise, c'est Ellinor elle-même qui vient le chercher. C'est elle qui a repris le bateau et l'activité de son père et elle s'occupe des quelques touristes qui viennent séjourner durant l'été. Les enfants l'aiment et viennent souvent la solliciter. Elle se prête volontiers à leurs jeux.
Herrman, lui, est devenu un peintre célèbre dans sa spécialité : peintre d'oiseaux, il est venu peindre les eiders, chef d'oeuvre suprême (page 48), et vendre la propriété familiale.
De vieilles rancœurs liées au drame de 1914 vont altérer les retrouvailles de ces deux êtres qui s'aimaient. Il va leur falloir comprendre ce qui les a séparés, laisser tomber les rancunes; pour Ellinor, c'est un véritable travail de mémoire qui s'opère et elle devra décider de sa vie.
Un des personnages principaux de ce roman est bien sûr le climat qui est dur, hostile une bonne partie de l'année. On doit être vigilant dans ce que l'on entreprend, dans les déplacements à pied ou en bateau. La vie est rude, les cultures sont difficiles, rien ne doit être gâché. C'est aussi pour cela que les Suédois quittent leurs îles et s'installent en ville où ils trouvent tout le confort de notre époque. Les demeures ancestrales restent éventuellement ouvertes en été.
On sent chez Ellinor au contraire un attachement très fort à ses racines, à cette vie austère mais qui est sienne. Femme magnifique, figure du dévouement, elle nous touche profondément.
Un beau roman dans un cadre grandiose et déroutant. Une lecture qui nous happe et nous permet de connaître un peu mieux nos voisins scandinaves.
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